[1739] Eusèbe, VIII, c. 6. M. de Valois pense, non sans quelque probabilité, avoir trouvé des traces de la rébellion de Syrie dans un discours de Libanius ; et il croit que ce fut une entreprise téméraire du tribun Eugène, qui avec cinq cents hommes seulement s’était emparé d’Antioche, et qui pouvait espérer d’attirer les chrétiens dans son parti, par la promesse d’une tolérance religieuse. D’après Eusèbe (IX, c. 8), et d’après Moïse de Chorène (Hist. d’Arménie, II, c. 77, etc.), on peut conclure que le christianisme était déjà introduit en Arménie.

[1740] Il en était déjà sorti, par son premier édit. Il ne paraît pas que le ressentiment ou la crainte ait eu part à ses nouvelles persécutions ; peut-être la superstition ou un respect apparent pour ses ministres en fut-il la source. L’oracle d’Apollon, consulté par Dioclétien ne rendit point de réponse, et dit que les Hommes justes l’empêchaient de parler. Constantin, qui assistait à la cérémonie, affirme avec serment qu’interrogé sur ces hommes, le grand-prêtre nomma les chrétiens. L’empereur saisit avidement cette réponse, et tira contre des innocents un glaive destiné à punir des coupables : il rendit sur le champ de sanglants édits, écrits, si je puis me servir de cette expression, avec un poignard ; et il ordonna aux juges d’employer toute leur adresse à inventer de nouveaux supplices. Eusèbe, Vie de Constantin, II, c. 51 (Note de l’Éditeur).

[1741] Voyez Mosheim, p. 938. Le texte d’Eusèbe montre clairement que les gouverneurs, dont les pouvoirs avaient été augmentés et non pas restreints par les nouvelles lois pouvaient punir de mort les chrétiens les plus opiniâtres, pour donner un exemple à leurs frères.

[1742] Saint-Athanase, p. 833, ap. Tillemont., Mém. ecclés., t. V, part. I, p. 90.

[1743] Eusèbe, VIII, c. 13 ; Lactance, de Mort. pers., c. 15. Selon Dodwell (Dissert. Cyprian., XI, 75) ces deux auteurs ne s’accordent point l’un avec l’autre. Mais le premier parlé évidemment de Constance au rang de César, et le second du même prince au rang d’Auguste.

[1744] Datien est cité dans les inscriptions de Gruter, pour avoir déterminé les limites respectives des territoires de Pax Julia et d’Ébora, villes situées toutes les deux dans la partie méridionale de la Lusitanie. Si l’on fait réflexion que ces deux places sont dans le voisinage du cap Saint-Vincent, on sera porte à croire que le célèbre diacre et martyr de ce nom n’était point de Saragosse ni de Valence, comme l’ont prétendu Prudence et quelques autres (voyez l’histoire pompeuse de ses souffrances dans les Mémoires de Tillemont, t. V, part. 2, p. 52, 85). Quelques critiques pensent que le département de Constance, comme César, ne renfermait pas l’Espagne, et que cette province demeura sous la juridiction immédiate de Maximien.

[1745] Eusèbe, VIII, c. 11 ; Gruter, Inscript., 1171, n° 18. Rufin s’est trompé sur l’emploi d’Adauctus aussi bien que sur le lieu de son martyre.

[1746] Nous pouvons y ajouter les principaux eunuques, Dorothée, Gorgonius et André, qui, accompagnant la personne de Dioclétien, possédaient sa faveur, et gouvernaient sa maison (voyez plus haut). Lactance parle de leur mort : Potentissimi eunicchi necati per quos palatium et ipse ante constabat (De Mort. pers., c. 15). Et Eusèbe ne nous laisse aucun doute en nommant Dorothée et les autres gardiens des appartements impériaux, qui, bien que comblés par l’empereur des prérogatives les plus honorables, chéris comme ses fils, aimèrent mieux souffrir pour la cause de la foi toutes sortes d’opprobres, de malheurs et la mort la plus cruelle, que de conserver la gloire et les délices du siècle. Hist. ecclés., VIII, c. 6 (Note de l’Éditeur).

[1747] Rien n’est moins vrai, et le passage d’Eusèbe auquel l’historien renvoie le lecteur en est la preuve. Maxence, dit Eusèbe, qui s’empara du pouvoir en Italie, feignit d’abord d’être chrétien (xαθυπεxρινατο) pour gagner la faveur du peuple à Rome ; il ordonna à ses ministres de cesser de persécuter les chrétiens, affectant une hypocrite piété, afin de paraître plus doux que ses prédécesseurs ; mais ses actions prouvèrent dans la suite qu’il était tout autre qu’on ne l’avait d’abord espéré. (Hist. ecclés., VIII, c. 14). Eusèbe ajoute que Maxence était allié avec Maximin, qui persécuta les chrétiens, et il les appelle frères en scélératesse (αδελφοι την xαxιαν). Il attribué les maux, que le peuple, eut a souffrir sous le règne de ces deux empereurs à la persécution qu’ils excitèrent contre les chrétiens. Enfin, le titre même de ce chapitre : De la Conduite des ennemis de la religion (περι τον τροπου των της ευσεβειας εχθρων), indique clairement ce que fut Maxence (Note de l’Éditeur).

[1748] Eusèbe, VIII, c. 14. Mais comme Maxence fut vaincu par Constantin, il entrait dans les vues de Lactance de placer sa mort parmi celles des persécuteurs.

[1749] On peut voir l’épitaphe de Marcellus dans Gruter, Inscript., p. 1172, n° 3 ; elle contient tout ce que nous savons de son histoire. Plusieurs critiques ont supposé que Marcellin et Marcellus, dont les noms se suivent dans la liste des papes, étaient deux personnes différentes mais le savant abbé de Longuerue était persuadé que c’était le même pape :

Veridicus rector, lapsis quia crimina flere

Prœdixit miseris, fuit omnibus hostis arnarus ;

Hinc furor, hinc odium ; sequitur discordia, lites,

Seditio, cædes ; solvuntur fœdera pacis.

Crimen ob alterius, Christum qui in pace negavit,

Finibus expulsus patriœ est feritate tyranni.

Hœc breviter Damasus voluit comperta referre :

Marcelli populus meritum cognoscere posset.

Nous pouvons observer que Damase fut évêque de Rome en 366.

[1750] Optat, contre les donatistes, l. I, c. 17-18.

Les paroles d’Optat sont : Profectus (Romani) causam dixit ; jussus est reverti Carthaginem ; peut-être qu’en plaidant sa cause il se justifia, puisqu’il reçut l’ordre de retourner à Carthage (Note de l’Éditeur).

[1751] Les Actes de la passion de saint Boniface, qui sont remplis de miracles et de déclamations ont été publiés, en grec et en latin, par Ruinart (p. 283-291), d’après l’autorité de manuscrits très anciens.

[1752] On ignore si Aglaé et Boniface étaient chrétiens lors de leur commerce illégitime (voyez Tillemont, Mém. ecclés., note sur la persécution de Dioclétien, t. V, not. 82, p. 283). M. de Tillemont prouve aussi que l’histoire est douteuse (Note de l’Éditeur).

[1753] Durant les quatre premiers siècles, on trouve peu de traces d’évêques ou d’évêchés dans l’Illyrie occidentale. On a cru probable que le primat de Milan étendait sa juridiction sur Sirmium, capitale de cette grande province. Voyez la Géographie sacrée de Charles de Saint-Paul, p. 68-76, avec les observations de Lucas Holsterius.

[1754] Peu après le christianisme se propagea au nord des provinces romaines, chez les tribus de la Germanie : une foule de chrétiens, forcés par les persécutions des empereurs, se réfugier chez les Barbares, y furent reçus avec bienveillance (Eusèbe, de Vitâ Const., l. II, c. 51 ; Semler, Selecta, cap. H., E., J., 115). Les Goths durent leur première connaissance de la religion chrétienne à une jeune fille prisonnière de guerre : elle continua au milieu d’eux des exercices de piété, elle jeûnait, priait et louait Dieu jour et nuit. Quand on lui demandait à quoi bon tant de soins pénibles, elle répondait : C’est ainsi que Christ, le fils de Dieu, doit être honoré. Sozomène, l. II, c. 6 (Note de l’Éditeur).

[1755] Le huitième livre d’Eusèbe, aussi bien que le supplément concernant les martyrs de la Palestine, traitent principalement de la persécution de Galère et de Maximin. Les plaintes générales par lesquelles Lactance commence le cinquième livre de ses Institutions divines fait allusion à la cruauté de ces princes.

[1756] Eusèbe (VIII, c. 17) a traduit en grec cet édit mémorable, et Lactance (de Mort. pers., c. 34) nous en a donné l’original latin. Ces deux écrivains ne paraissent pas avoir remarqué combien il contredit ouvertement tout ce qu’ils viennent d’avancer avec tant d’assurance touchant les remords et le repentir de Galère.

[1757] Eusèbe, IX,. c. 1. Il rapporte la lettre du préfet.

[1758] Voyez Eusèbe, VIII, c. 14 - IX, c. 2-8 ; Lactance, de Mort. Pers., c. 36. Ces écrivains s’accordent à représenter les artifices de Maximin ; mais le premier rapporte l’exécution de plusieurs martyrs, tandis que le dernier affirme positivement : occidi servos Dei vetuit.

Il est aisé de les concilier ; il suffit de citer le texte entier de Lactance : Nam cum clententiam specie tenus profiteretur, occidi servos Dei vetuit, debilitari jussit. Itaque confessoribus effodiebantur oculi, amputabantur manus, pedes detruncabantur, narès vel auriculœ desecabantur. Hæc ille moliens Constantini litteris deterretur. Dissimulavit ergot et tamen, si quis inciderit mari occulte mergebatur. Ce détail des tourments que l’on faisait endurer aux chrétiens est bien propre à concilier Lactance et Eusèbe : ceux qui mouraient des suites des tortures, ceux que l’on plongeait dans la mer, pouvaient bien passer pour des martyrs. Cette mutilation des paroles de Lactance a seule fait naître une contradiction apparente (Note de l’Éditeur).

[1759] Peu de jours avant sa mort il publia un écrit fort étendu de tolérance, dans lequel il impute toute la rigueur que les chrétiens ont éprouvée aux gouverneurs et aux juges, qui n’avaient pas bien compris ses intentions. Voyez l’Édit dans Eusèbe, IX, c. 10.

[1760] La critique historique ne consiste pas à rejeter indistinctement tous les faits qui ne s’accordent pas avec un système particulier, comme le fait Gibbon dans ce chapitre, où il ne consent qu’à la dernière extrémité à croire à un martyre. Il faut peser les autorités, et non les exclure de l’examen ; or, les historiens païens justifient en plusieurs endroits les détails que nous ont transmis les historiens de l’Église sur les tourments endurés par les chrétiens. Celsus reproche aux chrétiens de tenir leurs assemblées en secret à cause de la crainte que leur inspirent les châtiments ; car, quand vous êtes saisis, leur dit-il, vous êtes traînés au supplice, et, avant d’être mis à mort, vous avez à souffrir toutes sortes de tourments (Origène, cont. Cels., l. I, II, VI et VIII, passim). Libanius, le panégyriste de Julien, dit en parlant des chrétiens : Ceux qui suivaient une religion corrompue étaient dans de continuelles appréhensions ; ils craignaient que Julien n’inventât des tourments encore plus raffinés que ceux auxquels, ils étaient exposés auparavant, comme d’être mutilés, brûlés vifs, etc., car les empereurs avaient exercé contre eux toutes ces cruautés, Libanii parentalis in Julian., ap. Fab. Bibi. Græc., v. 9 , n° 58, p. 283 (Note de l’Éditeur).

[1761] Telle est l’induction que l’on peut tirer naturellement des deux passages remarquables dans Eusèbe, VIII, c. 2, et de Mort. Palest., c. 12. La prudence de l’historien a exposé son caractère au blâme et au soupçon. Personne n’ignorait qu’il avait été mis lui-même en prison, et l’on insinuait qu’il avait acheté sa liberté par quelques lâches complaisances. On lui en fit des reproches durant sa vie, et même en sa présence, au concile de Tyr. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. VIII, part. I, p. 67.

[1762] La relation ancienne, et peut-être authentique, des souffrances de Tarachus et de ses compagnons (Act. sincer., Ruinart, p. 419-448) est remplie d’expressions fortes, dictées par le ressentiment et par le mépris, et qui ne pouvaient manquer d’irriter le magistrat. La conduire d’Ædesius envers Hiéroclès préfet d’Égypte fut encore plus extraordinaire : λογοις τε xαι εργοις τον διxαστην... περιβαλων. Eusèbe, de Mart. Palest., c. 5.

Les actes de Tarachus et de ses compagnons ne renferment rien qui paraisse dicté par un sentiment outré. C’est la faute des persécuteurs, s’ils prennent pour du mépris la fermeté de ceux qu’ils persécutent : Quel est votre nom ? demanda à Tarachus le président Maxime, — Je suis chrétien. — Qu’on lui brise la mâchoire. (Ruinart, p. 460) Probus, son compagnon, fut amené. A la même question, il fit la même réponse : Je suis chrétien, et je m’appelle Probus. On lui ordonna de sacrifier pour obtenir des honneurs de son prince, et l’amitié de Maxime. A ce prix, je ne désire ni les honneurs du prince ni votre amitié. Après avoir souffert les plus cruelles tortures, il fut jeté dans les fers, et le juge défendit que l’on prit soin de ses plaies : sanguine tuo impleta est terra, (Ruinart, p. 462). Andronicus parut le troisième. Il répondit avec la même fermeté à l’ordre de sacrifier. Le juge, pour le tromper, lui dit que ses frères avaient eu cette complaisance. Malheureux, reprit-il, pourquoi me tromper par des mensonges ? Et ils furent enfin livrés aux bêtes. En opposant la conduite du juge à celle des martyrs, oserait-on trouver dans les réponses de ceux-ci quelque chose, d’inconvenant ou d’exagéré ? Le peuple même qui assistait au jugement fut moins doux et moins respectueux. L’injustice de Maxime le révolta tellement, que lorsque les martyrs parurent dans l’amphithéâtre, l’effroi s’empara de tous les cœurs, et le peuple murmurait, disant : Juge inique, qui as jugé de la sorte ! Plusieurs quittèrent le spectacle, et s’en allèrent en murmurant contre Maxime et parlant de lui avec mépris. Ruinart, p. 488 (Note de l’Éditeur).

[1763] A peine les autorités supérieures en furent-elles informées, que le président de la province, homme dur et cruel, dit Eusèbe, exila les confesseurs, les uns à Chypre, les autres dans divers lieux de la Palestine, et ordonna qu’ils fussent tourmentés par les travaux les plus pénibles. Quatre d’entre eux à qui il demanda d’abjurer leur foi et qui refusèrent, furent brûlés vifs. Eusèbe, de Mart. Palest. c. 13 (Note de l’Éditeur).

[1764] Eusèbe, de Mart. Palest., c. 13.

[1765] Saint Augustin, Collat. Carth. Dei, III, c. 13, ap. Tillemont, Mém. ecclés., t., V, part. I, p. 46. La controverse avec les donatistes a jeté quelque jour sur l’histoire de l’Église d’Afrique, quoique peut-être de pareils éclaircissements se ressentent de l’esprit de parti.

[1766] Eusèbe, de Mart. Palest., c. 13. Il termine sa narration en nous assurant que tel fut le nombre des martyres endurés en Palestine durant tout le cours de la persécution. Le cinquième chapitre de son huitième livre, qui traite de la province de Thébaïde, en Égypte, pourrait paraître contredire le calcul modéré que nous avons adopté ; mais il ne servira qu’à nous faire admirer les ménagements adroits de l’historien. Choisissant pour la scène de la cruauté la plus inouïe, le pays de tout l’empire le plus éloigné et le plus isolé, il rapporte que dans la Thébaïde, il y eut souvent, depuis dix jusqu’à cent personnes qui souffrirent le martyre le même jour ; mais lorsque ensuite il parle de son voyage en Égypte, son langage devient insensiblement plus circonspect et plus modéré : au lieu d’un nombre considérable et en même temps défini, il parle de beaucoup de chrétiens (πλειους), et il emploie avec le plus grand art, deux mots équivoques (ιστορησαμεν et νπομειναντας), qui peuvent signifier, ou qu’il avait vu, ou qu’il avait entendu, et qui expriment, soit l’attente (*), soit l’exécution du châtiment. S’étant ainsi procuré un moyen sûr de se mettre à couvert, il laisse le passage équivoque à ses lecteurs et à ses traducteurs, imaginant bien que leur piété les engagera à préférer le sens le plus favorable. Il y avait peut-être quelque malice dans cette remarque de Théodore Metochita, que tous ceux qui, comme Eusèbe, avaient conversé avec les Égyptiens, se plaisaient à écrire dans un style obscur et embarrassé. Voyez Valois, ad loc.

(*) Ceux qui se donneront la peine de consulter le texte, verront que si le mot νπομειναντας pouvait y être pris pour l’attente du châtiment, le passage n’aurait aucun sens, et deviendrait absurde (Note de l’Éditeur).

[1767] Ce calcul est fait d’après les martyrs dont Eusèbe a parlé nominativement ; mais il en reconnaît un bien plus grand nombre. Ainsi, les neuvième et dixième chapitres de son ouvrage sont intitulés : d’Antonin , de Zébin, de Germanus, et d’autres martyrs ; de Pierre Monachus, d’Asclepius Marcionita, et d’autres martyrs. En parlant de ceux qui souffrirent sous Dioclétien, il dit : Je ne rapporterai la mort que de l’un d’eux, afin que d’après cela les lecteurs, puissent deviner ce qui arriva aux autres (Hist. ecclés., VIII, c. 6). Dodwell a fait, avant Gibbon, ce calcul et ces objections ; mais Ruinart (Act. mart. Pref., p. 24 et sqq) lui a répondu d’une manière péremptoire : Nobis constat Eusebium in historiâ infinitos passim martyres admisisse, quamvis revera paucorum nomina recensuerit. Nec alium Eusebii interpretem quam ipsummet Eusebium proferimus, qui (l. III, c. 23) ait sub Trajano plurimos ex fidelibus martyrii certamen subiisse (l. V, init.). Sub Antonino et Vero innumerabiles propè martyres per universum orbem enituisse affirmat (l. VI, c. 1). Severum persecutionem concitasse refert, in quâ per omnes ubique locorurn Ecclesias, ab athletis pro pietate certantibus, illustria confecta fuerunt martyria. Sic de Decii, sic de Valeriani persecutionibus loquitur, quœ non Dodwelli faveant conjectationibus judicet œquus lector. Dans les persécutions même que Gibbon a représentées comme beaucoup plus douces que celle de Dioclétien, le nombre des martyrs paraît fort supérieur à celui auquel il borne les martyrs de cette dernière, et ce nombre est attesté par des monuments incontestables ; je n’en citerai qu’un exemple : on trouve parmi les lettres de saint Cyprien une lettre de Lucianus à Celerinus, écrite du fond d’une prison, où Lucianus nomme dix-sept de ses frères morts, soit dans les carrières, soit au milieu des tortures, soit de faim, dans les cachots : Jussus sumus, dit-il, secundum prœceptum imperatoris, fame et siti necari, et reclusi sumus in duabus cellis ita ut nos afficerent fame et siti et ignis vaporeCæc. Cypr., epist. XXII (Note de l’Éditeur).

[1768] Lorsque la Palestine fut divisée en trois provinces la préfecture de l’Orient en contenait quarante-huit. Comme les anciennes distinctions de nations, étaient depuis longtemps abolies, les Romains partagèrent les provinces selon une proportion générale relative à leur  étendue et à leur opulence.

[1769] Ut gloriari possint nullum se innocentium peremisse, nam et ipse audivi aliquos gloriantes, quia administratio sua, in hâc parte, fuerit incruenta. Lactance, Instit. divin., v. II.

[1770] Grotius, Annal., de. Rebus belgicis, l. I, p. 12, édit. fol.

[1771] Fra Paolo (Hist. du concile de Trente, III) réduit le nombre des martyrs des Pays-Bas à cinquante mille. En savoir et en modération Fra Paolo ne le cédait pas à Grotius ; la priorité de temps donne au témoignage du premier quelque avantage qu’il perd, d’un autre côté, par la distance qui sépare Venise des Pays-Bas.

[1772] Polybe, IV, p. 423, édit. de Casaubon. Il obscure que les incursions des sauvages habitants de la Thrace troublèrent souvent le repos des Byzantins, et resserrèrent quelquefois l’étendue de leurs domaines.

[1773] Le navigateur Byzas, qu’on appelait le fils de Neptune, fonda la ville de Byzance six cent cinquante-six ans avant l’ère chrétienne. Ses compagnons avaient été tirés d’Argos et  de Mégare. Byzance fut ensuite rebâtie et fortifiée par le général lacédémonien Pausanias (Voyez Scaliger, Animadvers. ad Euseb. p. 81 ; Ducange, Constantinopolis, I, part. 1, c. 15-16). Quant aux guerres des Byzantins contre Philippe, les Gaulois et les rois de Bithynie, on ne peut accorder de confiance qu’aux anciens écrivains, qui vécurent avant que la grandeur de la ville impériale eût éveillé l’esprit de fiction et de flatterie.

[1774] Le Bosphore a été décrit fort en détail par Denys de Byzance, qui vécut au temps de Domitien (Hudson, Geog. min., t. III), et par Gylles ou Gyllius, voyageur français du seizième siècle. Tournefort (lettre XV) paraît s’être servi et de ce qu’il a vu et de l’érudition de Gyllius.

[1775] De Clerc (Biblioth. univ., I, p. 248) suppose que les harpies  n’étaient que des sauterelles, et il n’y a guère de conjecture plus heureuse. Le nom de ces insectes, dans la langue syriaque et phénicienne, leur vol bruyant, l’infection et la dévastation qui les accompagnent, et le vent du nord qui les chasse dans la mer, rendent sa supposition très vraisemblable.

[1776] Amycus régnait dans la Bébrycie, depuis appelée Bithynie ; il était l’inventeur des cestes dont on se servait au pugilat. Clément d’Alexandrie, Stromates, I, p. 363.

Quand les Argonautes abordèrent à son royaume, il se présenta au vaisseau pour demander si quelqu’un voulait se mesurer avec lui. Pollux accepta le défis, et le tua en le frappant sur le cou (Bibliothèque d’Apollodore, I, § 20, version de M. Clavier). Epicharme et Pisandre disaient que Pollux n’avait point tué Amycus, mais s’était contenté de le lier ; et c’est ainsi qu’il est représenté sur un vase funéraire publié par Winckelmann (Hist. de l’Art, pl. 18, édit. de 1789, in-8°). Théocrite, qui raconte ce combat dans le plus grand détail, (id. 22) dit que Pollux ne le tua point, mais lui prêter le serment de ne plus maltraiter les étrangers qui passeraient dans ses États. Nicéphore Calliste (Hist. eccl., VII, c. 50) rapporte une ancienne tradition qui n’est point à dédaigner. Les Argonautes ayant abordé au pays des Bébryces, se mirent à le ravager ; mais Amycus leur fondit dessus avec ses sujets, et les mit en fuite. Ils se réfugièrent dans une forêt très épaisse, d’où ils n’osaient plus sortir, lorsqu’une des puissances célestes, sous la forme d’un homme, avec des ailes d’aigle, leur apparut et leur promit la victoire. Ils marchèrent alors contre Amycus, défirent ses troupes, et le tuèrent lui-même. Ils bâtirent dans cet endroit, en mémoire de cet événement, un temple qu’ils nommèrent Sosthenium, parce qu’ils y avaient recouvré leur valeur, et y érigèrent une statue pareille à la divinité qui leur avait apparu. Constantin en fit par la suite l’église de l’archange Michel. Notes de M. Clavier sur Apollod., not. 88, p. 175 (Note de l’Éditeur).

[1777] Amycus résidait en Asie, entre les vieux châteaux et les châteaux neufs, dans un lieu appelé Laurus insana. Phinée habitait en Europe, près du village de Mauromole et de la mer Noire. Voyez Gyllius, de Bosph., II, c. 23 ; Tournefort, lettre XV.

[1778] Cette erreur avait été occasionnée par plusieurs rochers terminés en pointe, alternativement couverts et abandonnés par les vagues. On y voit aujourd’hui deux petites îles : il y en a une près de chacune des côtes. Celle d’Europe est remarquable par la colonne de Pompée.

[1779] Les anciens l’évaluaient à cent vingt stades ou quinze mille romains. Ils ne comptaient que depuis les châteaux neufs ; mais ils étendaient le détroit jusqu’à la ville de Chalcédoine.

[1780] Ducas, Hist., c. 34 ; Leunclavius, Hist. turcica musulmanica, XV, p. 577. Sous l’empire grec, ces châteaux servaient de prison d’État, et on leur donnait le nom effrayant de Léthé ou Tours d’oubli.

[1781] Darius grava sur deux colonnes de marbre, en lettres grecques et assyriennes les noms des peuples auxquels il donnait des lois, et l’immense tableau de ses forces de mer et de terre. Les Byzantins transportèrent ensuite ces colonnes dans leur ville, et ils les employèrent aux autels de leurs divinités tutélaires. Hérodote, IV, c. 87.

[1782] Tacite, Annales, XII, 62.

[1783] Strabon, p. 492. La plupart des andouillers sont maintenant brisés, où, pour parler d’une manière moins figurée, la plupart des recoins du havre soit comblés. Voyez Gyllius, de Bosphoro Thracio, l. I, c. 5.

[1784] Procopius, de Ædificiis, l. 1, c. 5.  Les voyageurs modernes confirment sa description. Voyez Thévenot, part. 1, l. 1, c. 15 ; Tournefort, lettre XII ; Niébuhr, Voyage d’Arabie, p. 22.

[1785] Voyez Ducange, C. P., l. I, part. I, c. 16, et ses Observations sur Villehardouin, p. 289. La chaîne se prolongeait depuis Acropolis, près du Kiosk moderne, jusqu’à la tour de Galata, et elle était soutenue de distance en distance par de grandes piles de bois.

[1786] Thévenot (Voyages au Levant, part. I, 34) ne compte que cent vingt-cinq petits milles grecs. Belon (Observations, l. II, c. I) décrit très bien la Propontide ; mais il se contente de dire vaguement qu’il faut pour la traverser un jour et une nuit de navigation. Lorsque Sandys (Voyage, p. 21) lui donne cent cinquante stades en longueur et en largeur, on ne peut que supposer une faute d’impression dans le texte de ce judicieux voyageur.

[1787] Voyez, dans les Mémoires de l’Acad. des Inscript., t. XXVIII, p. 318-346, une dissertation admirable de M. d’Anville sur l’Hellespont et les Dardanelles. Au reste, cet habile géographe aime trop à supposer des mesures nouvelles et peut-être imaginaires, afin de rendre les écrivains de l’antiquité aussi exacts que lui. Les stades qu’emploie Hérodote dans la description de l’Euxin, du Bosphore, etc. (l. IV, c. 85), devaient être tous de la même espèce, et il paraît impossible de faire concorder ses calculs entre eux ou avec la vérité.

[1788] La distance oblique qui se trouve entre Sestos et Abydos, était de trente stades. M. Mahudel à fait voir l’invraisemblance du conte de Héro et Léandre ; mais M. de La Nauze le défend d’après les poètes et les médailles. Voyez l’Académie des Inscriptions, tome VII ; Histoire, p. 74 ; Mémoires, p. 240.

[1789] Gibbon ne met pas entre les deux rives les plus rapprochées de l’Hellespont, plus de distance qu’entre celles du Bosphore ; cependant tous les anciens parlent de ce dernier détroit comme étant toujours plus large que l’autre : ils s’accordent à lui donner sept stades dans sa moindre largeur (Hérodote, in Melpom, c. 85 ; Polymn. ; c. 34 ; Strabon, p. 591 ; Pline, l. IV, c. 12), ce qui fait 875 pas. Il est singulier que Gibbon, qui dans la note 16 de ce chapitre reproche à d’Anville d’aimer à supposer des mesures nouvelles et imaginaires, ait adopté ici même la mesure particulière que d’Anville donne du stade. Ce grand géographe croyait que les anciens avaient un stade de cinquante et une toises, et c’est celui qu’il applique aux dimensions de Babylone. Or, sept de ces stades équivalent à peu près a cinq cents pas : 7 stades = 2142 pieds, 500 pas = 2135 pieds 5 pouces. Voyez la Géogr. d’Hérodote, par Rennell, p. 121 (Note de l’Éditeur).

[1790] Voyez le septième livre d’Hérodote, où cet écrivain élève un beau  trophée à sa gloire et à celle de son pays. Le dénombrement de l’armée de Xerxès paraît avoir été fait avec assez d’exactitude. Mais la vanité des Perses, et ensuite la vanité des Grecs, furent intéressées à exagérer l’armement et la victoire. Je doute beaucoup que dans une invasion, le nombre des assaillants ait jamais surpassé celui des hommes que renfermait la contrée où ils portaient les armes.

[1791] Voyez les Observations de Wood sur Homère, p. 320. J’ai du plaisir à tirer cette remarque d’auteur qui, en général, semble avoir trompé l’attente du public, comme critique, et encore plus comme voyageur. Il avait parcouru les bords de l’Hellespont ; il avait lu Strabon et il aurait dû consulter les itinéraires romains. Comment a-t-il pu confondre Ilium et Alexandria Troas (Observations, p. 340, 341), deux villes placées à seize milles de distance l’une de l’autre ?

[1792] Démétrius de Scepsis a écrit soixante livres sur trente lignes du catalogue d’Homère ; le treizième livre de Strabon suffit à notre curiosité.

[1793] Strabon, l. XIII, p. 595. Homère (voyez l’Iliade, IX, 220) décrit très nettement la disposition des vaisseaux retirés sur la grève ainsi que les postes d’Ajax et d’Achille.

[1794] Zozime, l. II, p. 105 ; Sozomène, l. II, c. 3 ; Théophanes, p. 18 ; Nicéphore-Calliste, l. II, p. 48 ; Zonare, tome II, l. XIII, p. 6. Zozime place la nouvelle ville entre Ilium et Alexandrie, mais cette différence apparente peut s’expliquer par la grande étendue de sa circonférence. Cedrenus (p. 283) assure qu’avant la fondation de Constantinople, on voulait établir  le siége de l’empire à Thessalonique, et Zonare dit qu’on voulait l’établir à Sardique. Ils supposent l’un et l’autre, avec peu de vraisemblance, que si un prodige n’eût pas arrêté l’empereur, il aurait renouvelé la méprise des aveugles Chalcédoniens.

[1795] Description de l’Orient par Pococke, vol. II, part. II, p. 127. Son plan des sept collines a de la netteté et de l’exactitude ; il est rare que ce voyageur soit aussi satisfaisant.

[1796] Voyez Belon, Observations, c. 72-76. Parmi cette grande variété de poissons, la pélamide, espèce de thon, était le plus renommé. On lit dans Polybe, Strabon et Tacite, que les bénéfices de la pêche formaient le principal revenu de Byzance.

[1797] Voyez l’éloquente description de Busbequius, epist. I, p. 64 : Est in Europa ; habet in conspectu Asiam, Ægyptumi, Africamque a dextra : quœ tametsi contiguœ non sunit, maris tamen navigandique commoditate, veluti junguntur. A sinistra vero, Pontus est Euxinus, etc.

[1798] Datur hæc venin antiquitati, ut miscendo humana divinis, primordia urbitum angustiora faciat. Tite-Live, in Proem.

[1799] On trouve dans une de ses lois : Pro commoditate urbis quam æterno nomine, jubente Deo, donavimus. Code Théodosien, l. XIII, tit. 5, leg. 7.

[1800] Les Grecs Théophanes, Cedrenus et l’auteur de la Chronique d’Alexandrie, ne s’expriment que d’une manière vague et générale. Si l’on veut trouver de plus grands détails sur cette vision, il faut recourir a des auteurs latins, tels que Guillaume de Malmesbury. Voyez Ducange, C. P., l. I, p. 24 , 25.

[1801] Voyez Plutarque, Romulus, p. 49, édit. de Bryan. Entre autres cérémonies on creusait un grand trou, qu’on remplissait de terre chacun des émigrants en apportait une poignée du lieu de sa naissance, et il adoptait ainsi sa nouvelle patrie.

[1802] Philostorgius, l. II, c. 9. Cet incident, bien que tiré d’un écrivain suspect, est caractéristique et vraisemblable.

[1803] Voyez dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XXXV, p. 747-758, une dissertation de M. d’Anville sur l’étendue de Constantinople. Le plan inséré dans l’Imperium orientale de Banduri lui paraît le plus complet ; mais, par une suite d’observations très judicieuses, il réduit la proportion extravagante de l’échelle, et il fixe la circonférence de la ville environ sept mille huit cents toises de France, au lieu de neuf mille cinq cents.

[1804] Codinus, Antiquit. Const., p. 12. Il indique l’église de Saint-Antoine comme la borne du côté du havre. Dacange en parle (l. IV, c. 6) ; mais j’ai essayé vainement de découvrir le lieu précis où elle était située.

[1805] La nouvelle muraille de Théodose fut construite en l’année 413. Elle fut renversés par un tremblement de terre en 447 ; et rebâtie dans l’espace de trois mois, par la diligence du préfet Cyrus. Le faubourg des Blachernœ fut renfermé dans la ville sous le règne d’Heraclius. Ducange, Const., l. I, c. 10-11.

[1806] La Notitia (*) détermine cette mesure a quatorze mille soixante-quinze pieds. Il est raisonnable de supposer qu’il s’agit ici de pieds grecs, dont M. d’Anville a fixé la proportion avec beaucoup de sagacité. Il assimile les cent quatre-vingts pieds aux soixante-dix huit coudées hachémites, que différents écrivains donnent à la hauteur de Sainte-Sophie. Chacune de ces coudées équivaut à vingt-sept pouces de France.

(*) La Notitia dignitatum imperii est un tableau de toutes les dignités de la cour et de l’État, des légions, etc.. Elle ressemble à nos almanachs de cour, avec cette seule différence que nos almanachs nomment les personnes en place, et que la Notitia ne nomme que les places. Elle est du temps de l’empereur Théodose II, c’est-à-dire, du cinquième siècle, lorsque l’empire était déjà divisé en oriental et occidental ; il est probable qu’elle ne fût pas faite alors pour la première fois ; et qu’il existait auparavant des tableaux de ce genre (Note de l’Éditeur).

[1807] L’exact Thévenot (l. I, c. 15) fit en une heure trois quarts le tour de deux des côtés du triangle, depuis le kiosque du sérail jusqu’aux Sept Tours. D’Anville examine avec soin et adopte avec confiance ce témoignage décisif, qui donne une circonférence de dix ou douze milles. Le calcul extravagant de Tournefort (lettre XI), qui porte cette circonférence à trente-quatre ou trente milles, sans y comprendre Scutari, fait un étrange contraste avec sa justesse et sa raison ordinaires.

[1808] Le quartier des Sycœ ou figuiers était le treizième ; et Justinien l’embellit beaucoup. Il a été désigné depuis sous les noms de Péra et de Galata. L’étymologie de la première dénomination est fort claire, celle de la seconde est inconnue. Voyez Ducange, Const., l. I, c. 22 et Gyllius, de Byzant., l. IV , c. 10.

[1809] Cent onze stades, qu’il faut réduire en milles grecs modernes chacun de sept stades, ou six cent soixante et quelquefois seulement six cents toises de France. Voyez d’Anville, Mesures itinéraires, p. 53.

[1810] Quand on a fixé les anciens textes qui indiquent l’étendue de Babylone et de Thèbes, quand on a réduit les exagérations et déterminé les mesures, on trouve que la circonférence de ces villes fameuses était de vingt-cinq où trente milles ; étendue vaste, mais non pas incroyable. Comparez le Mémoire de d’Anville, dans le Recueil de l’Académie des Inscriptions, t. XXVIII, p. 235 ; avec sa Description de l’Égypte,  p. 201-202.

[1811] Si on divise Constantinople et Paris en carrés égaux de cinquante toises de France, la première ville contiendra huit cent cinquante, et la seconde onze cent soixante de ces carrés.

[1812] Six cents centenaires ou soixante mille livres pesant d’or, dit Codinus (Antiquit. Const., p. 11). Ce méprisable auteur n’aurait point connu cette maniéré de compter si ancienne, s’il ne l’eût pas tirée d’une source plus pure.

[1813] Consultez Tournefort (lettre XVI) sur  les forêts de la mer Noire ; et, sur les carrières de marbre de l’île de Proconnèse, voyez Strabon, l. XIII, p.588. Ces carrières avaient déjà fourni les matériaux des magnifiques bâtiments de Cyzique.

[1814] Voyez le Code Théodosien, l. XIII, tit. 4, leg. I. Cette loi est daté de l’an 334 : elle fut adressée au Préfet d’Italie, dont la juridiction s’étendait  sur l’Afrique. Le commentaire de Godefroy sur le titre entier mérite d’être consulté.

[1815] Constantinopolis dedicatur pene omnium urbium nuditateChron. de saint Jérôme, p. 181. Voyez Codinus, p. 8-9. L’auteur des Antiquit. Const., l. III (apud Banduri, imp. or., t. I, p. 41) indique Rome, la Sicile, Antioche, Athènes et beaucoup d’autres villes. Il y a lieu de croire que les provinces de la Grèce et de l’Asie-Mineure donnèrent le plus riche butin.

[1816] Hist. Compend., p. 369. Il décrit la statue ou plutôt le buste d’Homère avec beaucoup de goût ; et on voit clairement que Cedrenus imitait le style d’un age plus heureux.

[1817] Zozime, l. II, page 106 ; Chroniq. Alexandrin., vel Pascal, p. 284 ; Ducange, Const., l. I, c. 24. Ces écrivains, même le dernier, paraissent confondre le Forum de Constantin avec l’Augusteum ou cour du palais. Je ne suis pas sûr d’avoir bien distingué ce qui appartient à l’un et à l’autre.

[1818] C’est Pococke qui donne la description la plus supportable de cette colonne (Description of the east, vol. II, part. II, p. 131). Mais ce qu’il en dit est confus et peu satisfaisant sur plusieurs points.

[1819] Ducange, Const., l. I, c. 24, p. 76, et ses Notes ad Alexiad., p. 382. La statue de Constantin ou d’Apollon fut renversée sous le règne d’Alexis Comnéne.

[1820] Tournefort (lettre XII) dit que l’Atméidan a quatre cents pas de longueur. S’il veut parler de pas géométriques de cinq pieds chacun, c’est trois cents toises de longueur, c’est-à-dire, environ quarante toises de plus que le grand cirque de Rome. Voyez d’Anville, Mesures itinéraires, p. 73.

[1821] Les possesseurs des plus saintes reliques se trouveraient heureux de pouvoir alléguer une suite de témoignages tels que ceux qui se présentent en cette occasion (voyez Banduri, ad Antiquit. Constani., p. 668 ; Cyllius, de Byzant., l. II, c. 13). 1° La consécration du trépied de la colonne dans le temple de Delphes peut se prouver par Hérodote et Pausanias. 2° Le païen Zozime rapporte, ainsi que les trois historiens ecclésiastiques, Eusébe, Socrate et Sozomène, que les ornements sacrés du temple de Delphes, furent transportés à Constantinople par ordre de l’empereur, et il indique en particulier les serpents en formé de colonne de l’Hippodrome. 3° Tous les voyageurs européens qui ont examiné Constantinople, depuis Buondelmonte jusqu’à Pococke, l’indiquent dans le même endroit, et presque de la même manière. Les différences qu’on remarque dans leur description sont une suite des outrages auxquels ce monument a été exposé de la part des Turcs. Mahomet II lui donna un coup de sa hache de bataille, et il brisa la mâchoire inférieure de l’un des serpents. Thévenot, l. I, p. 17.

[1822] En 1808, les janissaires, révoltés contre le vizir Mustapha Baraictar, qui avait voulu introduire un nouveau système d’organisation militaire, assiégèrent le quartier de l’Hippodrome où se trouvait le palais des vizirs, et l’Hippodrome fut consumé dans l’incendie qu’ils allumèrent. (Note de l’Editeur).

[1823] Le nom latin Cochlea fut adopté par les Grecs, et on le trouve souvent dans l’histoire byzantine. Ducange, Constant., l. II, c. I, p 104.

[1824] Trois points topographiques indiquent la situation du palais ; 1° l’escalier qui établissait la communication avec l’Hippodrome ou l’Atméidan ; 2° un petit port artificiel sur la Propontide, d’où l’on montait aisément aux jardins du palais par une rampe de marbre blanc ; 3° l’Augusteum, cour spacieuse, dont un des côtés était occupé par le devant du palais , et un second par l’église de Sainte-Sophie.

[1825] Zeuxippe était un surnom de Jupiter, et ces bains faisaient partie de l’ancienne Byzance. Ducange n’a pas senti combien il est difficile de déterminer leur véritable position. Les historiens semblent les réunir à Sainte-Sophie et au palais ; mais, dans le plan original qu’a donné Banduri, ils se trouvent de l’autre côté de la ville, près du port. Quant à leur beauté, voyez, Chron. Pascal, p. 285, et Gyll., de Byzant., l. II, c. 7 ; Christodorus (Antiq. Const., l. VIII) composa des inscriptions en vers pour chacune de ces statues. Il était Thébain par son talent ainsi que par sa naissance :

Bœtum in crasso jurares aere natum.

[1826] Voyez la Notitia. Rome ne comptait que dix-sept cent quatre-vingts grandes maisons, domus ; mais ce mot doit avoir eu une signification plus relevée. Les écrivains ne parlent pas d’insulæ à Constantinople. L’ancienne capitale renfermait quatre cent vingt-quatre rues, et la nouvelle trois cent vingt-deux.

[1827] Luitprand, Legatio ad imp. Nicephorum, p. 153. Les Grecs modernes ont défiguré, d’une manière étrange, les antiquités des Constantinople. On peut excuser les erreurs des écrivains turcs ou arabes ; mais, il est étonnant que les Grecs, pouvant étudier les monuments authentiques conservés dans leur langue, aient préféré la fiction à la vérité, et d’incertaines traditions aux témoignages de l’histoire. Une seule page de Codinus offre douze erreurs impardonnables : la réconciliation de Sévère et de Niger, le mariage de leurs enfants, le siège Byzance par les Macédoniens, l’invasion des Gaulois qui  rappela Sévère à Rome ; les soixante ans qui s’écoulèrent de sa mort à la fondation de Constantinople, etc.

[1828] Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, c. 17.

[1829] Themist., Orat. III, p. 48, éd. Hardouin ; Sozomène, l. II, c. 3 ; Zozime, l. II , p. 107 ; Anonyme, Valesian., p. 175. Si on peut ajouter foi à Codinus (p. 10), Constantin bâtit des maisons pour les sénateurs, exactement sur le modèle de leurs palais de Rome, et il leur ménagea ainsi le plaisir d’une surprise agréable ; mais son récit est plein de fictions et d’incohérences.

[1830] La loi par laquelle Théodose le jeune abolit, en 408, cette espèce de redevance, se trouvé parmi les Novelles de cet empereur, à la fin du Code Théodosien, t. IV, nov. 12. M. de Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 371) s’est évidemment mépris sur la nature de ces domaines : on acceptait avec reconnaissance une condition qu’on aurait jugée vexatoire si elle eût porté sur les propriétés particulières, et non sur des domaines accordés par l’empereur.

[1831] Gyllius, de Byzant., l. I, c. 3, a recueilli et lié les passages de Zozime, d’Eunapius, de Sozomène et d’Agathias, qui ont rapport à l’accroissement des édifices et de la population de Constantinople. Sidonius-Apollinaris (in Panegyr. Anthem., tome VI, p. 290 , éd. Sirmond) décrit les môles qu’on éleva dans la mer : on les construisit avec cette fameuse pouzzolane qui se durcit à l’eau.

[1832] Sozomène, l. II, c. 3 ; Philostorg., l. II, c. 9 ; Codin., Antiq. Constant., p. 8. Un passage de Socrate (l II, c. 13) donne lieu de croire que l’empereur accordait chaque jour à la ville huit myriades de σιτον, qu’on peut, si l’on veut traduire, avec Valois, par modii de blé ; ou appliquer au nombre de pains que faisait distribuer le prince.

[1833] A Rome, les pauvres citoyens qui recevaient ces gratifications étaient inscrits sur un registre ; leur droit n’était qu’un droit personnel. Constantin attacha ce droit aux maisons de la nouvelle capitale, pour engager les dernières classes du peuple à se construire rapidement des habitations. Code Théodosien, l. XIV (Note de l’Éditeur).

[1834] Ce fût aussi aux dépens de Rome. L’empereur ordonna que la flotte d’Alexandrie transportât à Constantinople les blés de l’Égypte qu’auparavant elle transportait à Rome : ces blés nourrissaient Rome pendait quatre mois de l’année, Claudien a peint avec énergie, la disette que cette mesure y occasionna – Claudien, de Bell. gildon, v. 34. (Note de L’Éditeur).

[1835] Voyez Code Théodosien, l. XIII et XIV ; et Code Justinien, édit. 12, t. II, p. 642, édit. Genev. Voyez aussi la belle plainte de Rome, dans le  poème de Claudien, de Bello gildonico, vers 46-64.

[1836] Le Code Justinien parle des quartiers de Constantinople, et la Notitia de Théodose le Jeune en fait la description ; mais les quatre derniers n’étant pas renfermés dans l’enceinte du mur de Constantin, on ne sait si cette division de la ville fut l’ouvrage du fondateur.

[1837] Senatum constituit secundi ordinis. CLAROS vocavit. Anonyme de Valois, p. 715. Les sénateurs de l’ancienne Rome étaient appelés clarissimi. Voyez, une note très curieuse de Valois sur Ammien Marcellin, XXII, 9. Il paraît, d’après la onzième lettre de Julien ; que l’emploi de sénateur était regardé comme un fardeau plutôt que comme un honneur ; mais l’abbé de La Bletterie (Vie de Jovien, t. II, p. 371) a fait voir que cette épître ne peut avoir rapport à Constantinople. Au lieu du célèbre nom Βυζαντιοις ne peut-on pas lire avec plus de probabilité le nom obscur de Βισανθηνοις ? Bisanthe ou Rhœdestus, aujourd’hui Rhodosto, était une petite ville maritime de la Thrace. Voyez Étienne de Byzance, de Urbibus, page 225 ; et Cellarius, Geog., t. I, p. 849.

[1838] Code Théodosien, l. XIV, 13. Le commentaire de Godefroy (t. V, p. 220) est long, mais confus, et il n’est pas aisé de dire ce que pouvait être le jus italicum, après qu’on eut donné à tout l’empire le droit de cité.

[1839] Julien (orat. I, p. 8) dit que Constantinople était aussi supérieure à toutes les autres villes qu’elle était inférieure à Rome. Son savant commentaire (Spanheim, p. 75 et 76) justifie ces expressions par divers rapprochements d’exemples contemporains. Zozime, ainsi que Socrate  et Sozomène, vécurent après que la division de l’empire entre les deux fils de Théodose eut établi une parfaite égalité entre l’ancienne et la nouvelle capitale.

[1840] Codinus (Antiq., p. 8) assure que les fondements de Constantinople furent jetés l’an du monde 5837 (A. D. 329) ; le 26 septembre, et que la dédicace de la ville se fit le 11 mai 5838 (A. D. 330). Il lie ces dates à plusieurs époques remarquables ; mais elles se contredisent. L’autorité de cet écrivain a peu de poids, et l’intervalle qu’il assigne doit paraître insuffisant. Julien (orat. I, p. 8) en donne un de dix années, et Spanheim s’efforce d’en prouver l’exactitude (p. 69-75), à l’aide de deux passages de Themistius (orat. IV, p. 58} et de Philostorgius (l. II, c. 9). Selon ce calcul, les fondements furent jetés l’an 324, et la dédicace de la ville. eut lieu en 334. Les critiques modernes ne sont pas d’accord sur ce point de chronologie, et Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 619-625) discute avec beaucoup de soin leurs diverses opinions.

[1841] Themistius, orat. III, p. 47 ; Zozime, l. II, p. 108. Constantin lui-même, dans une de ses lois, laisse assez voir son impatience. Code Théodosien, l. XV, tit. 1.

[1842] Cedrenus et Zonare, fidèles à l’esprit de superstition qui régnait de leur temps, nous assurent que Constantinople fût consacrée à la Vierge mère de Dieu.

[1843] La Chronique d’Alexandrie (p. 285) donne la description la plus ancienne et la plus complète que nous ayons de cette cérémonie extraordinaire. Tillemont et les autres amis de Constantin blessés d’y trouver un air de paganisme, qui semble indigne d’un prince chrétien, pouvaient la regarder comme douteuse; mais ils ne devaient pas la passer sous silence.

[1844] Sozomène, l. II, c. 2 ; Ducange, C. P., l. I, c. 6. Velut ipsius Romœ filiam ; c’est l’expression de saint Augustin (de Civit. Dei, l. V, c. 25).

[1845] Eutrope, l. X, c. 8 ; Julien, orat. I, p. 8 ; Ducange, C. P., l. I, c. 5. Le nom de Constantinople se trouve sur les médailles de Constantin.

[1846] L’ingénieux Fontanelle (Dialogues des morts, XII) se moque de la vanité, de l’ambition humaine, et paraît triompher de ce que la dénomination vulgaire d’Istambol (mot composé par les Turcs de trois mots grecs εις την πολιν), ne transmet plus le nom immortel de Constantin. Mais le nom primitif est encore employé, 1° par les  nations de l’Europe ; 2° par les Grecs modernes ; 3° par les Arabes, dont les écrits sont répandus sur la vaste étendue de leurs conquêtes en Asie et en Afrique. Voyez d’Herbelot, Bibliothèque orientale, p. 275 ; 4° par les plus éclairés des Turcs, et par l’empereur lui-même dans ses ordonnances publiques. Hist. de l’empire ottoman, par Cantemir, p. 51.

[1847] Le Code Théodosien fut promulgué A. D. 438. Voyez les Prolégomènes de Godefroy, c. I, p. 185.

[1848] Pancirole, dans son savant commentaire donne à la Notitia, presque la même date qu’au Code Théodosien ; mais ses preuves, ou plutôt ses conjectures, sont extrêmement faibles. Je serais plus disposé à placer l’époque de cet utile ouvrage entre la division finale de l’empire (A. D. 395), et l’envahissement de la Gaule par les Barbares (A. D. 407). Voyez l’Histoire des anciens Peuples de l’Europe, t. VII, p. 40.

[1849] Scilicet externœ superbiœ sueto, non inerat notitia nostri (peut-être nostræ) ; apud quos, vis imperii valet, inania transmittuntur. Tacite, Annales, XV, 31. Les lettres de Cicéron, de Pline et de Symmaque, montrent bien le passage gradué du style de la liberté et de la simplicité, à celui des formes et de la servitude.

[1850] L’empereur Gratien, après avoir confirmé une loi sur la préséance, publiée par Valentinien, père de sa divinité, continue ainsi : Si quis igitur indebitum sibi locum usurpaverit ; nullâ se ignoratione defendat, sitque plan SACRILIGII reus, qui DIVINA prœcepta neglexerit. Code Théodosien, l. VI, tit. V, lég. 2.           

[1851] Consultez la Notitia dignitatum, à la fin du Code Théodosien, t. VI, p.316.

[1852] Pancirolus, ad Notitiam utriusque imperii, p. 39 ;mais ses explications sont obscures, et il ne distingue pas assez les symboles en effigie des emblèmes effectifs des emplois.

[1853] Clarissimi est le titre ordinaire et légal du sénateur, dans les Pandectes qu’on peut rapporter aux règnes des Antonins.

[1854] Pancirole, p. 12-17. Je n’ai pas indiqué les deux titres inférieurs de perfectissimus et d’egregius, qu’on donnait à plusieurs personnes qui n’avaient pas le rang de sénateurs.

[1855] Code Théodosien, l. VI, tit. 6. Les règles de la préséance furent déterminées par les empereurs avec l’exactitude la plus minutieuse, et les commentateurs les ont éclairées avec la même prolixité.

[1856] Code Théodosien, l.  VI, tit. 22.

[1857] Ausone (in gratiarum Actione) se traîne lâchement sur cet indigne sujet, que Mamertin (Panegyr. vet., XI, 19) développe avec un peu plus de liberté et de franchise.

[1858] Cum de consulibus in annum creandis solus mecum volutarem…… te consulem et designavi et declaravi, et priorem nuncupavi. Ce sont quelques-unes des expression de l’empereur Gratien dans sa lettre au poète Ausone, qui avait été son précepteur.

[1859] Immanesque : . . . . . . . . . . dentés

Qui secti ferro in tabulas auroque micantes

Inscripti rutilum, celato consule nomen,

Per proceres et vulgus eant.

CLAUD., in II cons. Stilichon, 456.

Montfaucon a donné la figure de plusieurs, de ces tablettes ou diptyques. Voyez le Supplément à l’Antiquité expliquée, t. III, p. 220.

[1860] Consule lœtatur post plurima sœcula visa

Pallanteus apex : agnocunt rostra curules

Auditas quondam proavis : desuetaque cingit

Regius auratis fora fascibus ulpia lictor.

CLAUD., in VI cons. Honorii, 643.

Du règne de Carus au sixième consulat d’Honorius il y eut un intervalle de cent vingt ans, durant lequel les empereurs se trouvèrent toujours absents de Rome le 1er de janvier. Voyez la Chron. de Tillemont, tome III, IV et V.

[1861] Claudien, in cons. Prob. et Olybr., 178, etc., et in IV cons. Honorii, 585, etc. ; mais, dans le dernier passage, il n’est pas aisé de séparer les ornements de l’empereur de ceux du consul. Ausone reçut de la libéralité de Gratien une vestis palmata, ou robe de cérémonie, où l’on avait brodé la figure de l’empereur Constance.

[1862] Cernis et armorum proceres legumque potentes :

Patricios sumunt habitus ; et more Gabino

Discolor incedit legio, positisque parumper

Bellorum signis sequitur vexilla Quirini.

Lictori cedunt aquilœ, ridetque togatus

Miles, et in mediis effulget caria castris.

CLAUD., in IV cons. Honorii, 5.

STRICTASQUE procul radiare SECURES.

In cons., Prob., 229.

[1863] Voyez Valois, ad Amm. Marcel., l. XXII, c. 7.

[1864] Auspice mox lœto sonuit clamore tribunal ;

Te fastos ineunte quater ; solemnia ludit

Omina libertas : deductum Vindice morem

Lex servat, famulusque jugo laxatus herili

Ducitur, et grato remeat securior ictu.

CLAUD., in IV cons. Honorii, 611.

[1865] Celebrant quidem, solemnes istos dies, omnes ubique urbes quæ sub legibus agunt ; et Roma de more, et Constaninopolis de imitatione, et Antiochia pro luxu, et distincta Carthago, et domus fluminis Alexandria, sed Treviri principis beneficio. Ausone, in grat. Actione.

[1866] Claudien (in cons.. Mall. Theodori, 279-331) décrit, d’une manière vive et animée, les divers jeux du cirque, du théâtre, et de l’amphithéâtre, que donna le nouveau consul. Les sanguinaires combats des gladiateurs étaient déjà défendus.

[1867] Procope, in Hist. arcanâ, c. 26.

[1868] In consulatu honos sine labore suscipitur (Mamertin, in Panegyr. vet., XI, 2). Cette brillante idée du consulat est tirée d’un discours (3, p. 107) prononcé par Julien dans la cour servile de Constance. Voyez l’abbé de La Bletterie (Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XXIV, page 289), qui se plaît à suivre les traces de l’ancienne constitution, et qui les trouve quelquefois dans sa fertile imagination.

[1869] La loi des Douze Tables défendait les mariages des patriciens et des plébéiens, et le cours uniforme de la nature humaine peut attester que l’usage survécut à la loi. Voyez dans Tite-Live (IV, 1-6) l’orgueil de famille soutenu par le consul, et les droits de l’humanité défendus par le tribun Canuleius.

[1870] Voyez le tableau animé que tracé Salluste (Bello Jug.) de l’orgueil des nobles, et même du vertueux Metellus, qui ne pouvait se familiariser avec l’idée que les honneurs du consulat dussent être accordés au mérite obscur de Marius, son lieutenant (c. 64). Deux cents ans auparavant, la race des Metellus eux-mêmes était confondue parmi les plébéiens de Rome, et l’étymologie de leur nom de Cæcilius donne lieu de croire que ces nobles hautains tiraient leur origine d’un vivandier.

[1871] L’an de Rome 800, il restait un très petit, nombre non seulement des anciennes familles patriciennes, mais même de celles qui avaient été créées par César et par Auguste (Tacite, Annales, XI, 25). La famille de Scaurus (branche de la famille patricienne des Æmilius) se trouvait dans un tel état d’abaissement, que le père de celui-ci, après avoir été marchand de charbon, ne lui laissa que dix esclaves et un peu moins de trois cents livres sterling (Valère Maxime, IV, c. 4, n° 11 ; Aurelius-Victor, in Scauro). Le mérite du fils sauva cette famille de l’oubli.

[1872] Tacite, Annales, XI, 25 ; Dion Cassius, LII, p. 693. Les vertus d’Agricola, qui fut créé patricien par l’empereur Vespasien, honorèrent cet ordre antique ; mais ses ancêtres n’étaient que dans la classe des chevaliers.

[1873] Cet anéantissement aurait été presque impossible, si, comme Casaubon le fait dire à Aurelius-Victor (ad Suétone, in César, c. 42., voyez l’Hist. Auguste, p. 203 , et Casaubon, Comment., page 220), Vespasien eût créé à la fois mille familles patriciennes ; mais ce nombre extravagant excède même celui de l’ordre entier des sénateurs, à moins qu’on y comprenne tous les chevaliers romains qui avaient la permission de porter le laticlave.

[1874] Zozime, II, p. 118 ; et Godefroy, ad Cod. Theodos., VI, tit. 6.

[1875] Zozime, II, p. 109-110. Si nous n’avions pas heureusement le détail satisfaisant qu’il nous donne de la division du pouvoir, et des départements des préfets du prétoire nous nous trouverions souvent embarrassés dans les nombreux fils du Code, et les explications minutieuses de la Notitia.

[1876] Voyez une loi de Constantin lui-même. A prœfectis autem prætorio provocare non sinimus. Cod. Justin., VII, tit. 62, leg. 19. Charisius, jurisconsulte du temps de Constantin (Heniecc., Hist. Juris rom., p. 349),qui reconnaît cette loi pour un principe fondamental de jurisprudence, compare les préfets du prétoire aux maîtres de la cavalerie des anciens dictateurs. Pandect., I, tit. II.

[1877] Lorsque Justinien, au milieu de l’épuisement de l’empire, institua un préfet du prétoire pour l’Afrique, il lui accorda un salaire de cent livres d’or. Cod. Justin., tit. 27 , leg. 1.

[1878] Sur cette dignité, ainsi que sur les autres dignités de l’empire, il suffit de renvoyer aux commentaires étendus de Pancirole et de Godefroy, qui ont recueilli avec soin, et disposé avec exactitude et avec ordre tous les matériaux tirés de la loi et de l’histoire. Le docteur Howell (History of the World, vol. II, p. 24-77) a fait, d’après ces auteurs, un précis très net de l’état de l’empire romain.

[1879] Tacite, Annales, VI, 11 ; Eusèbe, in Chron., p. 155. Dion Cassius, dans le Discours de Mécène (VII, p. 675), exposé les prérogatives du préfet de la ville telles qu’elles subsistaient de son temps.

[1880] Le mérite de Messala était encore au-dessus de sa réputation. Dans sa première jeunesse, il fut recommandé par Cicéron à l’amitié de Brutus. Il suivit l’étendard de la république jusqu’à sa destruction aux champs de Philippes. Il accepta ensuite et mérita la faveur du plus modéré des conquérants, et dans la cour d’Auguste il montra toujours la noblesse de son caractère et son amour de la liberté. Son triomphe fut justifié par la conquête de l’Aquitaine. En qualité d’orateur, il disputa la palme de l’éloquence à Cicéron lui-même. Il cultiva les Muses, et fut le protecteur de tous les hommes de génie. Il passait, ses soirées à converser philosophiquement avec Horace ; à table, il se plaçait entre Délie et Tibulle, et il amusait ses loisirs en encourageant les talents poétiques du jeune Ovide.

[1881] Incivilem esse potestatem contestans, dit le traducteur d’Eusèbe. Tacite exprime d’une autre manière la même idée : Quasi nescius exercendi.

[1882] Voyez, Lipse, excursus D. ad I. lib. Tacite, Annales.

[1883] Heineccii, Element. Juris civilis second. ordinem Pandect., t. I, p. 70 ; voyez aussi Spanheim, de Usu Numismatum, t. II, dissert. 10, p. 119. L’an 450, Marcien déclara par une loi que trois citoyens seraient créés, chaque année, préteurs de Constantinople, au choix du sénat ; mais en leur laissant la liberté de refuser. Code Justin., l. I, tit. 39, leg. 2.

[1884] Quidguid igitur intra urbem admittitur ad P. U. videtur pertinere ; sed et si quid intra centesimum milliarium. Ulpien, in Pandect., l. I, tit. 13, n° 1. Il énumère ensuite les diverses fonctions du préfet, à qui le Code Justinien (l. I, tit. 39, leg. 3) attribue la prééminence et le commandement de tous les magistrats de la ville, sine injuriâ ac detrimento honoris alieni.

[1885] Outre nos guides ordinaires, Felix Cantelorius a écrit un traité particulier, de Prœfecto urbis ; et on trouve dans le quatorzième livre du Code Théodosien plusieurs détails curieux sur la police de Rome et de Constantinople.

[1886] Eunapius assure que le proconsul d’Asie était indépendant du préfet ; ce qu’il ne faut adopter toutefois qu’avec quelque modification. Il est sûr qu’il n’était point soumis à la juridiction du vice préfet. Pancirole, p. 61.

[1887] Le proconsul d’Afrique avait quatre cents appariteurs, et, soit du trésor soit de la province, ils recevaient tous de forts salaires. Voyez Pancirole, p. 26, et le Code Justin., l. XII , tit. 56-57.

[1888] En Italie on trouvait aussi le vicaire de Rome. On a beaucoup disputé pour savoir si sa juridiction s’étendait à cent  milles de Rome, ou si elle comprenait les dix provinces méridionales de l’Italie.

[1889] Le  Recueil des ouvrages du célèbre Ulpien offre un Traité en dix livres sur l’office d’un proconsul, dont les devoirs, en plusieurs points essentiels, étaient les mêmes que ceux d’un gouverneur de province.

[1890] Les présidents et les consulaires pouvaient imposer une amende de deux onces ; les vice préfets, de trois ; les proconsuls, le comte de l’Orient et le préfet d’Egypte, de six. Voyez Heinecc., Jur. civ., t. I, p. 75 ; Pandect., l. XLVIII, tit. 19, n° 8 ; Cod. Justinien, l. I, tit. 54, leg. 4-6.

[1891] Ut nulli patriœ suœ administratio, sine speciali principis permissu, permittatur. Cod. Justinien, l. I, tit. 41. L’empereur Marc-Aurèle, après la rébellion de Cassius, établit le premier cette loi (Dion Cassius, LXXII). On observe ce règlement a là Chine avec la même rigueur et avec le même effet.

[1892] Pandect., l. XXIII, tit. 2, n°s 37, 38, 63.

[1893] In jure continetur, ne quis in administratione constitutus aliquid compararet. Cod. Théodosien, l. VIII, tit. 15, leg. 1. Cette maxime de la loi commune fut confirmée par une suite d’édits (voyez le reste du titre), depuis Constantin jusqu’à Justin. Ils n’exceptent que les habits et les provisions de cette prohibition,  qui s’étendait aux derniers officiers du gouverneur. Ils donnent cinq ans pour rentrer dans la chose vendue, et ils déclarent ensuite qu’après une information elle tombera au trésor.

[1894] Cessent rapaces jam nunc officialium manus ; cessent, inquam, nam si moniti non cesserint, gladiis prœcidentur, etc. Cod. Théodosien, l. I, tit. 7, leg. 1. Zénon ordonna à tous les gouverneurs de rester dans les provinces cinquante jours après l’expiration de leur office, pour y répondre à toutes les accusations. Cod. Jus., l. II, tit. 49, leg. 1.

[1895] La splendeur de l’école de Béryte, qui conserva en Orient la langue et la jurisprudence des Romains, paraît s’être maintenue depuis le troisième siècle jusqu’au milieu du sixième. Heinecc., Jur. rom. Hist., p. 351-356.

[1896] J’ai indiqué à une époque antérieure les emplois civils et militaires qu’obtint successivement Pertinax, et je vais parler ici des honneurs civils qu’on accorda, les un après les autres, à Mallius Théodore. 1° Il se distingua par son éloquence lorsqu’il plaidait à la cour du préfet du prétoire; 2° il gouverna une des provinces de l’Afrique en qualité de président ou de consulaire, et mérita une statue d’airain ; 3° il fut nommé vicaire ou vice préfet de la Macédoine ; 4° questeur ; 5° comte des sacrées largesses ; 6° préfet prétorien des Gaules, et même alors il pouvait passer encore pour un jeune homme; 7° après une  retraite, peut-être une disgrâce de plusieurs années, que Mallius (que des critiques confondent avec le poète Manilius, voyez Fabricius, Biblioth. lat., éd. Ernesti, t. I, c.18, p.  501) employa à l’étude de la philosophie grecque, on le fit préfet du prétoire de l’Italie, l’an 397 ; 8° il exerçait encore cette grande charge lorsqu’il fut nommé consul pour l’Occident, en 399, et souvent les fastes ne rappellent que son nom à cause de l’infamie de son collègue, l’eunuque Eutropius ; 9° en 408, Mallius fut nommé une seconde fois préfet du prétoire en Italie. Le vénal Claudien fait lui-même entrevoir, dans son panégyrique, le mérite de Mallius Théodore, qui, par un rare bonheur, fut l’intime ami de Symmaque et de saint Augustin. Voyez Tillemont, Histoire des Empereurs, t. V, p. 1110-1114.

[1897] Mamertin, in Panegyr. Vet., XI, 20 ; Asterius, apud Photium, p. 1500.

[1898] Le passage d’Ammien (l. XXX, c. 4), qui peint les mœurs des gens de loi de son temps, est curieux ; il offre un mélange bizarre de sens commun, de fausse rhétorique et de satire poussée jusqu’à l’extravagance. Godefroy (Prolegomen. ad Cod. Theod., c. I, p. 185) articule les mêmes plaintes ; et rapporte des faits authentiques. Dans le quatrième siècle, les livres de la loi auraient fourni la charge d’un grand nombre de chameaux. Eunapius , in Vit. Edesii, p. 72.

[1899] La vie d’Agricola, surtout dans les c. 20, 21 en fournit un bel exemple. Le lieutenant de la Bretagne était revêtu du pouvoir que Cicéron, proconsul de la Cilicie, avait exercé au nom du sénat et du peuple.

[1900] L’abbé Dubos, qui a examiné avec exactitude (Hist. de la Monarchie française, t. I, p. 41-100, éd. 1742) les institutions d’Auguste et de Constantin, observe que si Othon eût été mis à mort la veille de sa conspiration, il paraîtrait dans l’histoire aussi innocent que Corbulon.

[1901] Zozime, l. II, p. 110. Avant la fin du règne de Constance, les magistri militum étaient déjà au nombre de quatre. Voyez Valois, ad Ammian, l. XVI, c. 7.

[1902] Quoique l’histoire et les codes, parlent souvent des comtes et des ducs militaires, on doit recourir à la Notitia, si on veut avoir une connaissance exacte de leur nombre et de leurs départements. Quant à l’institution, au rang, au privilèges des comtes en général. Voyez Cod. Theod., l. VI, tit. 12-20 avec les Commentaires de Godefroy.

[1903] Zozime, l. II, p. 3. Les historiens, les lois et la Notitia indiquent d’une manière très obscure, les deux classes des troupes romaines. On peut consulter cependant le Paratitlon, ou extrait étendu que Godefroy a tiré du septième livre de Re militari, du Cod. Theod., l. VII, tit. I, leg. 10.

[1904] Ferox erat in suos miles et rapax, ignavus vero in hostes et fractus. Ammien, l. XXII, c. 4. Il observe qu’ils aimaient les lits de duvet et les maisons de marbre, et que leurs coupes avaient plus de pesanteur que leurs épées.

[1905] Cod. Theodos., l. VII, tit. 1, leg. 1, tit. 12, leg. 1. Voyez Howell, History of the  World, vol. II, p. 19. Ce savant historien, qui n’est pas assez connu, tâche de justifier le caractère et la politique de Constantin.

[1906] Ammien, l. XIX, c. 2. Il observe (c. 5) que les sorties désespérées de deux légions de la Gaule produisirent l’effet de quelques gouttes d’eau jetées sur un grand incendie.

[1907] Pancirole, ad Notitiam, p. 96 ; Mém. de l’Académie des Inscript., t. XXV, p. 481.

[1908] Romana acies unius prope formœ erat et hominum et armorum genere. — Regia acies, varia magis multis gentibus dissimilitudine armorum auxiliorumque erat. (Tite-Live, 1. XXXVII, c. 39-40.) Flaminius, avant la bataille, avait comparé l’armée d’Antiochus à un souper, où l’habileté d’un cuisinier diversifie l’apprêt de la chair d’un vil animal. Voy. la Vie de Flaminius dans Plutarque.

[1909] Agathias, l. V, p. 157, éd. du Louvre.

[1910] Valentinien (Cod. Theod., l. VII, tit. 13, leg. 3) fixe la stature d’un soldat à cinq pieds sept pouces, c’est-à-dire à. cinq pieds quatre pouces et demi, mesure d’Angleterre. Elle avait été autrefois de cinq pieds dix pouces, et dans les plus beaux corps, de six pieds romains. Sed tunc erat amplior, multitudo, et plures sequabantur militiam armatam. Vegetius, de Re militari, l. I, c. 5.

[1911] Voyez les deux titres de Veteranis et de Filus veteranorum, dans le septième livre du Code Théodosien. L’âge où l’on exigeait d’eux le service militaire, variait de vingt cinq à seize ans. Si les fils des vétérans se présentaient avec un cheval, ils avaient droit de servir dans la cavalerie. Deux chevaux leur donnaient quelques utiles privilèges.

[1912] Cod. Theodos., l. VII, tit. 13, leg. 7. Selon l’historien Socrate (voyez Godefoy, ad loc.) ; l’empereur Valens exigeait quelquefois quatre-vingts pièces d’or pour un soldat de recrue. La loi suivante énonce très obscurément que les esclaves ne seront pas admis, inter optimas lectissimorum militum turmas.

[1913] La personne et la propriété d’un chevalier romain qui avait mutilé ses deux fils, furent vendues a l’encan par ordre d’Auguste (Suétone, in Aug., c. 27). La modération de cet habile usurpateur prouve que l’esprit du temps justifiait sa sévérité. Ammien distingue les Italiens efféminés es robustes Gaulois (l. XV, c. 12). Cependant, quinze années après, Valentinien, dans une loi adressée au préfet de la Gaule, cru devoir ordonner de brûler vifs ces lâches déserteurs (Cod. Theod., l. VII. tit. 13, leg. 5). Leur nombre, en Illyrie, était si considérable, que la province se plaignait du petit nombre des recrues. Id., leg. 10.

[1914] On les appelait Murci. Murcidus est employé par Plaute et Festus, pour désigner un homme paresseux et lâche, qui, selon Arnobe et saint Augustin, était sous la protection immédiate de la déesse Murcia. D’après ce trait singulier de lâcheté, les auteurs latins du moyen âge se servent du mot murcare, comme synonyme de mutilare. Voyez Lindenbrog et Valois, ad Ammien-Marcellin, l. XV, c. 12.

[1915] Malarichus adhibitis Francis, quorum eâ tempestate in palatio multitudo florebat, erectius jam loquebatur tumultuabaturque. Ammien-Marcellin, l. XV, c. 5.

[1916] Barbaros omnium primus adusque fasces auxerat et trabes consulares (Ammien, l. XV, c. 10). Eusèbe (in Vitii Constantini, l. IV, c. 7) et Aurelius-Victor semblent confirmer cette assertion, ; mais je ne trouve pas le nom d’un seul Barbare dans les trente-deux Fastes consulaires du règne de Constantin : je croirais donc que ce prince accorde aux Barbares les ornements plutôt que l’emploi de consul.

[1917] Cod. Theodos., l. 6, tit. 8.

[1918] Par une singulière métaphore empruntée du caractère guerrier des premiers empereurs, l’intendant de leur maison se nommait le comte de leur camp (comes castrensis). Cassiodore représentait sérieusement à cet officier que sa réputation et celle de l’empereur dépendaient de l’opinion qu’auraient les ambassadeurs étrangers de la profusion et de la magnificence de la table royale. Variar., l. VI, epist. 9.

[1919] Gutherius (de Officiis domûs Augustœ, l. II, c. 20, l. 3) a très bien expliqué les fonctions du maître des offices, et la constitution des scrinia, qui dépendaient de lui ; mais, d’après des autorités douteuses, il essaie vainement de faire remonter à l’époque des Antonins ou à celle de Néron l’origine d’un magistrat qu’on ne trouve pas dans l’histoire avant le règne de Constantin.

[1920] Tacite (Ann., XI, 22) dit que les premiers questeurs furent élus par le peuple, soixante-quatre ans après la fondation de la république ; mais il croit que longtemps avant cette époque, les consuls et même les rois les nommaient chaque année : d’autres écrivains contestent ce point obscur d’antiquité.

[1921] Tacite (ibid.) semble dire qu’il n’y eut jamais plus de vingt questeurs ; et Dion (l. XLIII, p. 374) insinue que, si le dictateur César en créa une fois quarante, ce ne fut que pour payer avec plus de facilité une immense dette de services ; mais que son augmentation du nombre des préteurs subsista sous les règnes suivants.

[1922] Suétone, in August., c. 65, et Torrent, ad loc. ; Dion Cassius, p. 755.

[1923] La jeunesse et l’inexpérience des questeurs, qui, à vingt ans, arrivaient à cet emploi important (Lips. excurs. ad Tacite, l. III, D.), engagèrent Auguste à leur ôter l’administration du trésor. Claude la leur rendit ; mais il paraît que Néron les supprima tout à fait. (Tacite, Ann., XXII, 29 ; Suétone, in August., c. 36, in Claud., c. 24 ; Dion, p. 696, 961 etc. ; Pline, epist. X, 20, et alibi.) Dans les provinces du département de l’empire, les procurateurs, ou, comme on les appela ensuite, les rationales, remplacèrent très utilement les questeurs. (Dion Cassius, p. 707 ; Tacite, in Vita Agric., c. 15 ; Hist. Aug., p. 130) Mais on trouve, jusqu’au règne de Marc-Aurèle, une suite de questeurs dans les provinces du sénat (Voyez les Inscriptions de Gruter , les Lettres de Pline ; et un fait décisif dans l’Hist. Aug., p. 64) Ulpien nous apprend (Pandect., l. I, tit. 13) que, sous le gouvernement de la maison de Sévère, leur administration dans les provinces fut supprimée, et qu’au milieu des troubles qui suivirent, les élections annuelles ou triennales des questeurs durent cesser.

[1924] Cum patris nomine et epistolas ipse dictaret, et édicta conscriberet etiam quœstoris vice. (Suétone, in Tit., c. 6) Cet office dut acquérir un nouvel éclat, puisque l’héritier présomptif de l’empire l’exerça quelquefois. Trajan donna la même commission à Adrien, son questeur et son cousin. Voyez Dodwell, prœlection Cambden, X, XI, p. 362-394.

[1925] ......... Terris edicta daturus ;

Supplicibus responsa ; — oracula regi

Eloquio crevere tuo ; nec dignius unquam.

Majestas meminit sese romana locutam.

Claudien, in Consulat. Mall.-Théodore, 33. Voyez aussi Symmaque, Epist., I, 17 ; et Cassiodore, Variar., VI, 5.

[1926] Cod. Theod., l. VI, tit. 36 ; Cod. Just., l. XII, tit. 24.

[1927] La partie de la Notitia qui traite de l’Orient est très défectueuse sur les départements des deux comtes du trésor. On peut observer qu’il y avait une caisse du trésor à Londres, et un gynœceum ou une manufacture à Winchester. Mais la Bretagne ne fut pas jugée digne d’une fabrique de monnaie ou d’un arsenal. La Gaule seule avait trois fabriques de monnaie et huit arsenaux.

[1928] Cod. Theodos., l. VI, tit. 3’ ,.leg. 2 et Godefroy, ad loc.

[1929] Strabon, Géographie, l. XII, p. 809. L’autre temple de Comana, dans le Pont, était une colonie de celui de Cappadoce, l. XII, p. 825. Le président de Brosses (voyez son Salluste, t. II, p. 21) y conjecture que la déesse adorée dans les deux temples de Comana était Beltis, la Vénus de l’Orient, la déesse de la génération, divinité fort différente, en effet, de la déesse de la guerre.

[1930] Cod. Theod., l. X, tit. 6 ; de Grege dominico. Godefroy a recueilli tous les passages de l’antiquité relatifs aux chevaux de Cappadoce. Une des plus belles races, la palmatienne, fut confisquée sur un rebelle, dont les domaines étaient placés à environ seize milles de Tyane, près du grand chemin de Constantinople à Antioche.

[1931] Justinien (Novell. 30) soumit le département du comte de Cappadoce à l’autorité immédiate de l’eunuque favori qui présidait à la chambré à coucher sacrée.

[1932] Cod. Theod., l. IV, tit. 30, leg. 4, etc.

[1933] Pancirole, p. 102-136. L’imposant appareil de ces domestiques militaires est décrit dans le poème latin de Corippus, de Laudibus Justiniani, l. III, 157-179, p. 419-420 de l’Appendix, Hist. Byzant., Rom. 1777.

[1934] Ammien Marcellin, qui servit tant d’années, n’obtint que le rang de protecteur. Les dix premiers de ces honorables soldats avaient le titre de clarissimi.

[1935] Xénophon, Cyropédie, l. VII ; Brisson, de Regno persico, l. I, n° 190, p. 264. Les empereurs adoptèrent avec plaisir cette métaphore qui venait de la Perse.

[1936] Voyez sur les Agentes in rebus, Ammien, 1. XV, c. 3 ; l. XVI, c. 5 ; l. XXII, c. 7, avec les Notes curieuses de Valois ; Cod. Theod., l. VI, tit. 27, 28, 29. De tous les traits rassemblés par Godefroy dans son Commentaire, le plus remarquable est celui de Libanius, dans son Discours sur la Mort de Julien.

[1937] Les Pandectes (l. XLVIII, tit. 18) indiquent les opinions des plus célèbres jurisconsultes sur la torture. Ils la bornent rigoureusement aux esclaves, et Ulpien lui-même avoue que res est fragilis et periculosa et quœ veritatem fallat.

[1938] Lors de la conspiration de Pison, Epicharis (libertina mulier) fut seule mise à la torture. Les autres conjurés furent intacti tormentis. Il serait, superflu d’ajouter un exemple plus faible, et il serait difficile d’en trouver un’ plus fort. Tacite, Annal., XV, 57.

[1939] Dicendum...... de institutis Atheniensium, Rhodarum, doctissimorum hominum, apud quos etiam (id quod acrrbissimum est) liberi civesque torquentur (Cicéron, Partit. orat., c. 34). Le procès de Philotas nous instruit de l’usage des Macédoniens. Diodore de Sicile, l. XVIII, p. 604 ; Quinte-Curce, l. VI, c. 11.

[1940] Heineccius (Elementa juris civilis, part. 7, p. 81) a fait le tableau de ces exemptions.

[1941] La définition du sage Ulpien (Pandectes, l. XLVIII, tit. 4) paraît avoir été adoptée à la cour de Caracalla, plutôt qu’à celle d’Alexandre-Sévère. Voyez les codes de THéodose et de Justinien ad legem Juliam majestatis.

[1942] Arcadius Charisius est le premier des jurisconsultes cités dans les Pandectes qui ait osé justifier l’usage universel de la  torture dans tous les cas de crime de lèse-majesté ; mais plusieurs lois des successeurs de Constantin  donnent de la force à cette maxime de tyrannie, qu’Ammien admet avec une respectueuse terreur (l. XIX, c. 12). Voyez le Cod. Theodos., l. 9, tit. 35. In majestatis crimine omnibus œqua est conditio.

[1943] Montesquieu, Esprit des Lois, l. XIII, c, 12.

[1944] M. Hume (Essais, vol. I, p. 389) se montre un peu embarrassé en examinant cette importante vérité.

[1945] La cour de Rome se sert encore aujourd’hui du cycle des indictions, dont l’origine remonte au règne de Constance, ou peut-être à celui de son père Constantin ; mais, avec beaucoup de raison, elle a fixé le commencement de l’année au 1er janvier. Voyez l’Art de vérifier les dates, p. 11, et le Dictionnaire raisonné de la Diplomatique, t. II, p. 25, deux traités exacts sortis de l’atelier des Bénédictins.

[1946] Les vingt huit premiers titres du onzième livre du Code Théodosien sont pleins de règlements détaillés sur le sujet important des tributs ; mais ils supposent une connaissance des principes fondamentaux admis dans l’empire, plus nette que nous ne pouvons l’acquérir aujourd’hui.

[1947] Il ne paraît pas que ce soit à Constantin qu’il faille attribuer l’établissement de l’indiction ; elle existait avant qu’il eût été fait Auguste à Rome, et la remise qu’il en fit à la ville en est la preuve. Il ne se serait pas hasardé, n’étant encore que César, et ayant besoin de capter là faveur des peuples, à créer un impôt si onéreux. Aurelius-Victor et Lactance se réunissent pour indiquer Dioclétien comme l’auteur de cette institution despotique. Aur.-Vict., de Cœsar, c. 39 ; Lactance, de Mort. persec., c. 7 (Note de l’Éditeur).

[1948] Les décurions étaient chargés de fixer, d’après le cadastre des biens dressés par les tabularii, ce que devait payer chaque propriétaire. Cet odieux emploi était impérieusement dévolu aux plus riches citoyens de chaque ville ; ils n’avaient aucun appointement , et toute leur récompense était de ne pas être sujets à certains châtiments corporels, dans le cas où ils les auraient mérités. Le décurionat était la ruine de tous les gens riches ; aussi s’efforçaient-ils d’éviter ce dangereux honneur : ils se cachaient, ils entraient au service ; mais leurs efforts étaient inutiles, on les atteignait, on les contraignaient à devenir décurions, et l’on appelait impiété la crainte que leur inspirait ce titre (Note de l’Éditeur).

[1949] Le titre sur les décurions (l. XII, tit. 1) est le plus étendu de tous ceux du Code Théodosien. Il ne contient pas moins de cent quatre-vingt-douze lois, qui ont pour but de déterminer les devoirs et les privilèges de cette classe utile de citoyens.

[1950] Habemus enim et hominum numerum, qui delati sunt, et agrum modum. (Eumenius, in Panegyr. Vet., VIII, 6) Voyez  Cod. Theodos., l. XIII, tit. 10 et 11, avec le Commentaire de Godefroy.

[1951] Si quis sacrilega vitem falce succiderit, aut feracium ramorum fœtus hebetaverit, quod declinet fidem censuum, et mentiatur callide paupertatis ingenium, mox detectus, capitale subibit exitium, et bona ejus in fisci jura migrabunt. (Cod. Theodos., l. XIII, tit. II, leg. I) Quoiqu’on ait mis quelque soin à obscurcir cette loi, elle prouve assez clairement la rigueur des inquisitions et la disproportion de la peine.

[1952] L’étonnement de Pline aurait cessé. Equidem miror, P. R. victis gentibus argentum semper imperitasse, non aurum. Hist. nat., XXXIII, 15.

[1953] Les propriétaires n’étaient point chargés de faire ce transport ; dans les provinces situées sur les bords de la mer ou près des grands fleuves, il y avait des compagnies de bateliers et d’armateurs qui avaient cette commission, et qui devaient fournir à leurs frais les moyens de transport. En revanche, ils étaient exempts eux-mêmes, en tout ou en partie, de l’indiction et d’autres impôts: Ils avaient certains privilèges ; des règlements particuliers déterminaient leurs obligations et leurs droits (Cod. Theod., l. XIII, tit. 5-9). Les transports par terre se faisaient de la même manière, par l’entremise d’une communauté privilégiée, nommée Bastaga ; ses membres s’apprlaient bastagarii. Cod. Theod., l. VIII, tit. 5. (Note de l’Éditeur).

[1954] On prit quelques précautions (voyez Cod. Thedos., l. XI, tit. 2 ; ad Cod. Justian., l. X, tit. 27, leg. 1, 2 3) pour empêcher les magistrats d’abuser de leur autorité, lorsqu’ils exigeraient ou qu’ils achetaient du blé ; mais ceux  qui étaient assez instruits pour lire les harangues de Cicéron contre Verrès (IPI, de Frumento), pouvaient y apprendre les divers moyens d’oppression à employer relativement au poids, au prix, à la qualité et au transport des grains ; et dans tous les cas, la cupidité d’un gouverneur qui ne savait pas lire, suppléait à l’ignorance du précepte et de l’exemple antérieur.

[1955] Cod. Theod., l. XI, tit. 28, leg. 2, publiée le 24 mars A. D. 395, par l’empereur Honorius , deux mois après la mort de son père Théodose. Il parle de cinq cent vingt-huit mille quarante-deux jugera romains, que j’ai réduits à la mesure d’Angleterre. Le Jugerum contenait vingt-huit mille huit cents pieds carrés.

[1956] Godefroy (Cod. Theodos., t. VI, p. 116) discute avec érudition et justesse le sujet de la capitation ; mais en expliquant le caput comme une portion ou une mesure la propriété ; il exclut d’une manière trop absolue l’idée d’une taxe personnelle.

[1957] Quid profuerit (Julianus) anhelantibus extrema penuria Gallis, hinc maxime claret, quod primotus eas partes ingressus, pro CAPITIBUS singulis tributi nomine vicenos quinos aureos, reperit flagitari ; discedens vero septenos tantum munera universa complentes. Ammien, l. XVI, c. 5.

[1958] Lorsqu’il s’agit de l’élévation d’une somme d’argent sous Constantin et ses successeurs on peut recourir à l’excellent Discours de M. Greaves sur le Denarius. On y trouvera la preuve des principes suivants : 1° que la livre romaine, ancienne et moderne, contenant cinq mille deux cent cinquante-six grains, poids de Troie., est d’environ un douzième moindre que la livre anglaise, qui contient cinq mille sept cent soixante des mêmes grains ; 2° que la livre d’or intérieurement divisée en quarante-huit aurei, donnait alors à la monnaie soixante-douze pièces qui étaient plus petites, mais qui avaient la mme dénomination ; 3° que cinq de ces aurei étaient l’équivalent légal d’une livre d’argent, et qu’ainsi la livre d’or s’échangeait contre quatorze livres huit onces d’argent, poids de Rome, ou contre environ treize livres poids d’Angleterre ; 4° que la livre d’argent, poids d’Angleterre, donne soixante-deux schellings à la fabrication. On peut, d’après ces éléments, évaluer à quarante livres sterling la livre d’or romaine qu’on emploie ordinairement pour compter les grandes sommes, et par là déterminer le cours de l’aureus à un peu plus de onze schellings.

[1959] Geryones nos esse puta ; monstrunique tributum

Hic CAPITA, ut vivam, tu mihi tolle TRIA.

SIDONIUS-APOLLIN., Carm. XIII.

D’après la réputation du père Sirmond, je m’attendais à trouver une note plus satisfaisante (p. 144) sur ce passage remarquable. Les mots suo veb suorum nomine annoncent l’embarras du commentateur.

[1960] Ce calcul de la population de la France, quelque effrayant qu’il puisse paraître, est fondé sur les registrés des naissances, des morts et des mariages tenus par ordre du gouvernement, et déposés au contrôle général à Paris. L’année commune des naissantes, dans tout le royaume, prise sur cinq ans (de 1770 à 1744 inclusivement), est de quatre cent soixante-dix-neuf mille six cent quarante-neuf mâles, et de quatre cent quarante-neuf mille deux cent soixante neuf filles, en tout neuf cent vingt-huit mille neuf cent dix-huit enfants. La province du Hainaut français donne seule neuf mille neuf cent six naissances ; et d’après un dénombrement du peuple, répété annuellement, depuis 1773 jusqu’en 1776, on est sûr que le Hainaut contient deux cent cinquante-sept mille quatre-vingt-dix-sept habitants. Si on suppose que la proportion des naissances annuelles à la population totale est  à peu près de un à vingt-six, le royaume de France contient vingt-quatre millions cent cinquante et un mille huit cent soixante-huit personnes de tout âge et de tout sexe. Si on adopte la proportion plus modérée de un à vingt-cinq, la population totale sera de vingt-trois millions deux cent trente-deux mille neuf cent cinquante. Comme le gouvernement de France s’occupe avec soin de ces recherches, que l’Angleterre devrait imiter, il y a lieu d’espérer un degré de certitude encore plus précis sur ce sujet important.

[1961] Cod. Theod., l. V, tit. 9, 10 et 11 ; Cod. Justinian., l. XI, tit. 63. Coloni appellantur qui conditionem debent genitali solo, propter agriculturam sub dominio possessorum. Saint Augustin, de Civ. Dei, l. X, c. 1.

[1962] L’ancienne juridiction d’Autun (Augustodunum) en Bourgogne, la capitale des Æduens comprenait le territoire adjacent de Nevers (Noviodunum). (Voyez d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 491) Le diocèse d’Autun est aujourd’hui composé de six cent dix, et celui de Nevers de cent soixante paroisses. Le relevé des registrés de onze années sur quatre cent soixante-seize paroisses de la même province de Bourgogne, calculé d’après la proportion modérée de un à vingt-cinq (voyez Messance, Recherches sur la population, p. 142), nous autorise à donner un nombre moyen de six cent cinquante-six personnes à chaque paroisse ; et si on multiplie ce nombre par sept cent soixante-dix, nombre  des paroisses des diocèses de Nevers et d’Autun on trouvera cinq cent cinq mille cent vingt habitants sur l’étendue du pays qu’habitaient autrefois les Æduens.

[1963] La population des diocèses de Châlons (Cabillonum) et de Mâcon (Matisco) doit être de trois cent un mille sept cent cinquante habitants, puisque l’un à deux cents et l’autre deux cent soixante paroisses. Des raisons très spécieuses autorisent cette addition : 1° Châlons et Mâcon se trouvaient incontestablement dans la juridiction primitive des Æduens. (Voyez d’Anville, Notice, p. 187-443) ; 2° la Notitia de la Gaule les indique, non pas comme civitates, mais simplement comme castra ; 3° ils ne devinrent le siège de deux évêques qu’au cinquième et au sixième siècle. Cependant un passage d’Eumène (Panegyre vet., VIII , 7) me détourne, par d’autres raisons très fortes, d’étendre le district des Æduens,  sous le règne de Constantin, le long des  belles rives de la rivière navigable de Saône.

[1964] Eumène, in Panegyr. vet., VIII, 1.

[1965] L’abbé Dubos, Histoire critique de la monarchie française, t. I, p. 121.

[1966] Voyez le Code Theodos., l. XIII, tit. 1 et 4.

[1967] L’empereur Théodose mit fin, par une loi, à ce honteux profit. (Godefr., ad Cod. Theodos., l. XIII , tit. 1, c. 1), mais, avant de s’en priver, il s’assura de ce qui comblerait ce déficit. Un riche patricien, Florentius, indigné de cette licence légale, avait fait des représentations à l’empereur ; pour le décider à ne plus la tolérer, il offrit ses propres biens, afin de suppléer à la diminution des revenus. L’empereur eut la bassesse d’accepter son offre. (Note de l’Éditeur).

[1968] Zozime, l. II, p. 115. Il paraît y avoir autant de passion et de prévention dans le reproche de Zozime que dans la défense laborieuse de la mémoire de Constantin, par le zélé docteur Howell (History of the World, vol. II, p. 20).

[1969] Cod. Theod., l. XI , tit. 7, leg. 3.

[1970] Cet usage datait encore de plus loin ; les Romains l’avaient emprunté de la Grèce. Qui ne connaît la fameuse harangue de Démosthène pour la couronne d’or que ses concitoyens avaient voulu lui décerner, et dont Eschine voulait le priver ? (Note de l’Éditeur.)

[1971] Voyez Lipse, de Magnitudine romana, liv. II, c. 9. l’Espagne tarragonaise offrit à l’empereur Claude une couronne d’or qui pesait sept cents livres et la Gaule lui en offrit une seconde qui en pesait neuf cents. J’ai suivi la correction raisonnable de Lipse.

[1972] Cod. Theodos., l. XII, tit. 13. Les sénateurs passaient pour affranchis de l’aurum coronarium ; mais l’auri oblatio, qu’on exigeait d’eux, était précisément de la même nature.

[1973] Théodose le Grand, dans les conseils judicieux qu’il donne à son fils (Claudien, in quarta consulatu Honorii, 214, etc.), distingue l’état d’un prince romain de celui d’un monarque des Parthes. L’un avait besoin de mérite, et la naissance pouvait suffire à l’autre.

[1974] On ne se trompera point sur Constantin, en croyant tout le mal qu’en dit Eusèbe, et tout le bien qu’en dit Zozime. (Fleury, Hist. ecclésiastique, t. III, p. 233.) Eusèbe et Zozime sont en effet aux deux extrémités de la flatterie et de l’invective. On ne trouve les nuances intermédiaires que dans les écrivains dont le zèle religieux est tempéré par leur caractère ou par leur position.

[1975] Le tableau des vertus de Constantin est tiré, en grande partie, des écrits d’Eutrope et de Victor le jeune, deux païens de bonne foi, qui écrivirent après l’extinction de sa famille. Zozime lui-même et l’empereur Julien reconnaissent son courage personnel et ses talents militaires.

[1976] Voyez Eutrope, X, 6. In primo imperii tempore optimis principus, ultimo medus comparandus. L’ancienne version grecque de Pœanius (édit. de Havercamp, p. 697) me porte à croire qu’Eutrope avait dit VIX mediis, et que les copistes ont supprimé à dessein ce monosyllabe offensant. Aurelius-Victor exprime l’opinion générale par un proverbe qu’on répétait souvent alors, et qui est obscur pour nous : TRACHALA décent annis præstantissimus ; duodecim sequentibus LATRO ; decem novissimis PUPILLUS, ob immodicas profusiones.

[1977] Julien, orat. I, p. 8 (ce discours flatteur fut prononcé devant le fils de Constantin) ; et les Césars, p. 335 ; Zozime, p. 114-115. Les magnifiques bâtiments de Constantinople, etc., peuvent être cités comme une preuve incontestable de la profusion de celui qui les éleva.

[1978] L’impérial Ammien mérite toute notre confiance. Proximorum fauces aperuit primos omnium Constantinus, l. XVI, c. 8. Eusèbe lui-même convient de cet abus (Vit. Constant., l. IV, c. 29, 54), et quelques unes des lois impériales en indiquent faiblement le remède.

[1979] Julien s’efforce, dans les Césars, de couvrir son oncle de ridicule. Son témoignage, suspect, en lui-même, est confirmé toutefois par le savant Spanheim, d’après les médailles. (Voyez Commentaire, p. 156 299, 397, 458.) Eusèbe (orat., c. 3) allègue que Constantin s’habillait pour le public, et non pour lui-même. Si on admet cette raison, le petit-maître le plus ridicule ne manquera jamais d’excuse.

[1980] Zozime et Zonare nous montrent dans Minervina la concubine de Constantin ; mais Ducange combat vaillamment et avec succès pour l’honneur de Minervina, en citant un passage décisif de l’un des panégyriques : Ab ipso fine pueritiæ, te matrimonii legibus dedisti.

[1981] Ducange (Familiœ byzantinœ, p. 44) lui donne, d’après Zonare, le nom de Constantin. Il n’est pas vraisemblable que ce fut son nom, puisque le frère aîné le portait déjà. Celui d’Annibalianus se trouvé dans la Chronique de Pascal, et Tillemont l’emploie, Histoire des empereurs, t. IV, p. 527.

[1982] Saint Jérôme, in Chron. La pauvreté de Lactance doit tourner à la louange du désintéressement du précepteur, ou à la honte de l’insensibilité de son patron. Voyez Tillemont, Mém. ecclésiastique, t. VI, part. I, p. 345 ; Dupin, Bibliothèque ecclésiastique, t. I, p. 205 ; Lardner, Crédibity of the Gospel history, part. 2, vol. VII, p. 66.

[1983] Eusèbe, Hist. ecclésiastique, l. X, c. 9 ; Eutrope (X, 6) l’appelle egregium virum ; et Julien (orat. I)  fait clairement allusion aux exploits de Crispus durant la guerre civile. Voyez Spanheim, Comment., p. 92.

[1984] Comparez Idatius et la Chronique de Pascal avec Ammien (l. XIV, c. 5). L’année où Constance fut créé César, paraît avoir été fixée d’une manière plus exacte par les deux chronologistes ; mais, l’historien qui vivait dans sa cour ne pouvait ignorer le jour de l’anniversaire. Quant à la nomination du nouveau César au commandement des provinces de la Gaule, voyez Julien, orat. I, p. 12 ; Godefroy, Chron. legum, page 26 ; et Blondel, de la Primauté de l’Église, p. 1183.

[1985] Code Théodosien, l. IX, tit. 4. Godefroy soupçonne les motifs secrets de cette loi. Comment., tome III, p. 9.

[1986] Ducange, Fam. byzant., page 28 ; Tillemont, t. IV, page 610.

[1987] Ce poète s’appelait Porphyrius-Optatianus. La date de ce panégyrique, écrit en plats acrostiches, selon le goût du siècle, est déterminée par Scaliger, ad Eusèbe, p. 250, par Tillemont, t. IV, p. 607, et Fabricius, Biblioth. lat., l. IV, c. 1.

[1988] Zozime, l. II, p. 103 ; Godefroy, Chronol. lég., p. 28.

[1989] Αxριτως, sans formes judiciaires. Telle est l’expression énergique et vraisemblablement très juste de Suidas. Victor l’ancien, qui écrivit sous le règne suivant, s’énonce avec précaution : Natu grandior incertum quâ causâ, patris judicio, occidisset. Si on consulte les écrivains postérieurs, Eutrope, Victor le jeune, Orose, saint Jérôme, Zozime, Philostorgius, et Grégoire de Tours, on verra que leur assurance s’accroît à mesure que des moyens qu’ils ont de connaître la vérité diminuent ; remarque qu’on a souvent occasion de faire dans les recherches historiques.

[1990] Ammien (l. XIV, c. 11) emploie l’expression générale peremptum. Codinus (p. 34) dit que le jeune prince fut décapité ; mais Sidonius Apollinaris (epistolœ V, 8) lui fait administrer un poison froid peut-être pour que ce genre de mort formât une antithèse avec le Bain chaud de Fausta.

[1991] Sororis filium, commodæ indolis juvenem. Eutrope, X, 6. Ne peut-on pas conjecturer que Crispus avait épousé Hélène, fille de l’empereur Licinius, et que Constantin accorda un pardon général, lors de l’heureuse délivrance de la princesse en 322 ? Voyez Ducange, Fam. Byzant., p. 47 ; et la loi (l. X, tit. 37) du Code Théodosien, qui a si fort embarrassé les interprètes ; Godefroy, t. III. p. 267 (*).

(*) Cette conjecture est fort douteuse ; l’obscurité de la loi citée du Code Théodosien, permet à peine quelque induction, et il n’existe qu’une médaille que l’on puisse attribuer à une Hélène, femme de Crispus. Voyez Eckhel, Doct. num. vet., t. VIII, p. 102 et 145. (Note de l’Éditeur.)

[1992] Voyez la Vie de Constantin, surtout au l. II, c. 19-20. Deux cent cinquante ans après, Evagrius (l. III, c. 41) tirait du silence d’Eusèbe un vain argument contre la réalité du fait.

[1993] Histoire de Pierre le Grand, par Voltaire, part. 2, c. 10.

[1994] Afin de prouver que cette statue fut élevée par Constantin, et malicieusement cachée ensuite par les ariens, Codinus se créé tout à coup (p. 34) deux témoins, Hippolyte et le jeune Hérodote, et il en appelle avec effronterie à leurs écrits qui n’ont jamais existé.

[1995] Zozime, l. II p. 103, peut être regardé comme notre autorité. Les recherches ingénieuses des modernes, aidés de quelques mots échappés aux anciens, ont éclairé et perfectionné son obscure et imparfaite narration.

[1996] Philostorgius, l. II, c. 4 ; Zozime, l. II, p. 104, 116, impute à Constantin la mort de deux femmes, de l’innocente Fausta, et d’une épouse adultère, qui fut la mère de ses trois successeurs. Selon saint Jérôme, trois ou quatre années s’écoulèrent entre la mort de Crispus et celle de Fausta. Victor l’ancien se tait prudemment.

[1997] Si Fausta fut mise à mort, il est raisonnable de croire qu’elle fut exécutée dans l’intérieur du palais. L’orateur saint Chrysostome donne carrière à son imagination ; il expose l’impératrice nue sur une montagne déserte, et la fait dévorer par des bêtes sauvages.

[1998] Julien (Orat. I) semble l’appeler la mère de Crispus ; elle a pu prendre ce titre par adoption : du moins on ne la regardait pas comme son ennemie mortelle. Julien compare la fortune de Fausta avec celle de Parysatis, reine de Perse. Un Romain l’aurait comparée plus naturellement à la seconde Agrippine :

Et moi qui sur le trône ai suivi mes ancêtres,

Moi, fille, femme, sœur et mère de vos maîtres.

[1999] Monod. in Constant. Jun., c. 4 ; ad calcem Eutrop., édit. de Havercamp. L’orateur l’appelle la plus sainte et la plus pieuse des reines.

[2000] Interfecit numerosos amicos. Eutrope, XX, 6.

[2001] Saturni aurea sœcula quis requiral ?

Sunt hæc gemmea, sed Neroniana. Sidoine Apollinaire, I, 8.

Il est un peu singulier qu’on attribue ces vers, non pas à un obscur faiseur de libelles, ou à un patriote trompé dans ses espérances, mais à Ablavius, premier ministre et favori de l’empereur. On peut remarquer que les imprécations du peuple romain étaient dictées par l’humanité ainsi que par la superstition. Zozime, II, p. 105.

[2002] Eusèbe, Orat. in Constant., c. 3. Ces dates sont assez exactes pour justifier l’orateur.

[2003] Zozime, II, p. 117. Sous les prédécesseurs de Constantin, le mot de nobilissimus était une épithète vague, plutôt qu’un titré légal  et déterminé.

[2004] Adstruunt numi veteres ac singulares. Spanheim, de Usu, numismatum. Dissertat. XII, vol. II, p. 357. Ammien parle de ce roi romain (l. XIV, c. I), et Valois (ad loc.). Le fragment de Valois l’appelle le roi des rois ; et la Chronique de Pascal (p. 286), qui emploie le mot Ρηγα, acquiert le poids d’un témoignage latin.

[2005] Julien (Orat. 1, p. 11 ; Orat. 2, p. 53) donne des éloges à son habileté dans les exercices de la guerre et Ammien (l. XXI, c. 16) en convient.

[2006] Eusèbe, in vit. Constant., l. IV, c. 51 ; Julien, Orat. 1, p. 11-16, avec le savant Commentaire de Spanheim ; Libanius, Orat. 3, p. 109. Constance étudiait avec une ardeur louable mais la pesanteur de son imagination l’empêcha de réussir dans l’art de la poésie, et même dans celui de la rhétorique.

[2007] Eusèbe (l. IV, c. 51, 52), pour exalter l’autorité et la gloire de Constantin, assure qu’il fit le partage de l’empire romain comme un citoyen aurait fait le partage de son patrimoine. On peut tirer d’Eutrope, des deux Victor et du fragment de Valois, la division qu’il établit pour les provinces.

[2008] Calocerus, le chef obscur de cette rébellion, ou plutôt de cette émeute, fut pris par les soins de Dalmatius, et brûlé vif au milieu du marché de Tarse. Voyez Victor l’ancien, la Chronique de saint Jérôme, et les traditions incertaines rapportées par Théophaine et Cedrenus.

[2009] Voyez les notes ajoutées au chapitre IX de cet ouvrage, sur les peuples de l’Orient et du nord de l’Europe. (Note de l’Éditeur.)

[2010] Cellaris a recueilli les opinions des anciens sur la Sarmatie d’Europe et d’Asie ; et M. d’Anville les a appliquées à la géographie moderne, avec la sagacité à l’exactitude qui distinguent toujours cet excellent écrivain.

[2011] Ammien, l. XVII, c. 12. Les Sarmates coupaient leurs chevaux, afin de prévenir les accidents que pouvaient occasionner les passions bruyantes et indomptables des mâles.

[2012] Pausanias, l. I, p. 50, édit. de Khun. Ce voyageur, avide de connaissances, a examiné avec soin une cuirasse de Sarmate qu’on conservait dans le temple d’Esculape à Athènes.

[2013] Ovide, ex Ponto, l. IV, épist. 7, v. 7 :

Aspicis et mitti ub adunco toxica ferro,

Et telum causas mortis habere duas.

Voyez dans les Recherches sur les Américains, t. II, p. 236-271, une dissertation très curieuse sur les flèches empoisonnées. On tirait communément le poison du règne végétal ; mais celui qu’employaient les Scythes paraît avoir été tiré de la vipère et mêlé de sang humain. L’usage des armes empoisonnées qui s’est répandu, dans les deux mondes, n’a jamais garanti une tribu sauvage des armes d’un ennemi discipliné.

[2014] Les neuf livres de lettres en vers qu’Ovide composa, durant les sept premières années de son exil, ont un autre mérite que celui de l’élégance et de la poésie. Elles offrent un tableau du cœur de l’homme dans des circonstances peu communes, et elles contiennent des observations curieuses qu’Ovide, seul de tous les Romains, avait eu occasion de faire. Tout ce qui peut jeter du jour sur l’histoire des Barbares a été recueilli par le comte du Buat, dont les recherches ont beaucoup d’exactitude. Histoire ancienne des peuples de l’Europe, t. IV, c. 26, p. 186-317.

[2015] Les Sarmates Jazyges étaient établis sur les bords du Pathissus ou Tibiscus, lorsque Pline (l’an 79) publia son Histoire naturelle (voyez le livre IV, c. 25). Il paraît qu’au temps de Strabon et d’Ovide, soixante ou soixante-dix années auparavant, ils habitaient au-delà du pays des Gètes, le long de la côte de l’Euxin.

[2016] Principes Sarmatorurn Jazigum penes quos civitatis regimen..., plebem quoque et vim equitum qua sola valent, offerebant (on appela dans les rangs de l'armée les chefs les plus puissants des Sarmates Jazyges. Ils offraient aussi le gros de leur nation et cette redoutable cavalerie qui en fait toute la force). Tacite, Hist., III, 5. Il parle de ce qu’on avait vu dans la guerre civile entre Vitellius et Vespasien.

[2017] Cette hypothèse d’un roi vandale donnant des lois à des Sarmates, paraît indispensable pour concilier le Goth Jornandès avec les auteurs latins et grecs qui ont fait l’histoire de Constantin (*). On peut remarquer qu’Isidore, qui vivait en Espagne sous la domination des Goths, leur donne pour ennemis, non les Vandales, mais les Sarmates.  Voyez sa Chronique dans Grotius, p. 709.

(*) J’ai déjà parlé de la confusion qui naît nécessairement dans l’histoire, lorsque des noms purement géographiques, comme celui de Sarmatie, sont pris pour des noms historiques appartenant à une seule nation : elle se fait sentir ici ; elle a forcé Gibbon à supposer, sans autre raison que la nécessité de se tirer d’embarras, que les Sarmates avaient pris un roi parmi les Vandales, supposition entièrement contraire aux moeurs des Barbares. La Dacie, à cette époque, était occupée, non par des Sarmates, qui n’ont jamais formé une race distincte, mais par des Vandales, que les anciens ont souvent confondus sous l’acceptation générique de Sarmates. Voyez Gatterers Weltgeschichte, p. 464. (Note de l’Éditeur).

[2018] Je dois me justifier d’avoir employé sans scrupule le témoignage de Constantin Porphyrogénète, dans tout ce qui a rapport aux guerres et aux négociations des Chersonites. Je sais que c’était un Grec du dixième siècle, et que ce qu’il dit des anciens événements est souvent confus et fabuleux ; mais sa narration est ici bien liée et vraisemblable, et il n’est pas difficile de concevoir qu’un empereur ait pu consulter des monuments secrets qui ont échappé aux recherches des autres historiens. Quant à la position et à l’histoire de Cherson, voyez Peyssonel, des Peuples barbares qui ont habité les bords du Danube, c. 16, p. 84-90.